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392              NOTICE SUR LA BIBLIOTHÈQUE
un de ses biographes, une modique somme suffisait à sa dépense
personnelle. Aussi, employa-t-il trente-six années de patiente
économie à former cette bibliothèque, sur la porte de laquelle
on lisait: non sorte sed arte collecta ; et il n'avait pas dépensé
moins de 45,000 livres pour ces acquisitions, à l'époque où il
écrivait ses dernières volontés. Après cela, s'il est vrai que l'on
aime ses enfants en raison des peines et des sacrifices qu'ils
coûtent, faut-il s'étonner que ce digne citoyen recommande ses
livres, comme le père le plus tendre eût recommandé sa famille ?
Faut-il s'étonner que, dans son inquiète sollicitude, il aille jus-
qu'à supposer telle circonstance où sa légataire, l'Académie,
viendrait à se dissoudre par suite de ces révolutions que toute
la prudence humaine ne saurait prévoir, et que, dans ce cas, il
place sous la protection de l'autorité municipale son cher trésor
qu'il ne pourra plus défendre ?
   Adamoli survécut six ans à l'expression écrite de ses volon-
tés, six ans qui lui permirent d'augmenter son catalogue de 600
volumes. A sa mort, survenue au mois de juin 1769, son héri-
tier, Roch-Joseph Adamoli, négociant à Lyon, ayant mis l'Aca-
démie en possession du legs que lui attribuait le testament, la
Bibliothèque, déposée d'abord provisoirement dans l'entresol des
bâtiments du Concert, fut bientôt transportée à l'Hôtel-de-Ville,
où la Compagnie tenait ses exercices. Mais les officiers munici-
paux n'ayant pu accorder un local propre à rendre cette Collec-
tion publique, ainsi que le prescrivait le testament, quelques
années après, l'héritier intenta un procès à l'Académie, allé-
guant que la Compagnie, gui s'était empressée de recevoir la Bi-
bliothèque de ses mains, avait laissé s'écouler plus de cinq ans
sans lui donner sa destination. L'affaire fut solennellement
plaidée ; des mémoires à consulter furent produits de part et
d'autre ; et l'on ne peut dire quelle eût été l'issue de cet étrange
procès, si la Ville, intervenant, ne l'eût terminé au profit de
l'Académie, en lui donnant, dans la Maison Commune, un local
convenable, où le public pût être admis.
 Maîtresse de son bien, la Compagnie s'empressa de se confor-
mer à la volonté de son bienfaiteur; et, peu de temps après, le