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248                             NÉCROLOGIE.
brillant avenir, et le demanda aux arts industriels. Les hommes de science
ne doivent pas sortir de leur spécialité, rarement leur aptitude se prête aux
calculs matériels, et lui, plus que tout autre, naïf et candide devait se laisser
aller à des illusions décevantes. Ce mirage trompeur dura longtemps, et la
réalité, trop tard aperçue, fut l'origine et la cause incessante de la maladie
qui nous l'a enlevé.
   A ceux qui n'en ont pas été témoins, nous pouvons dire les scènes qui se
sont passées pendant cette longue période de douleur ; ce concours inusité
de visiteurs de tout âge, de.tout sexe, de toutes conditions : ces prières fer-
ventes, ces actes de dévotion répétés qui se sont faits pour la conservation de
ses jours précieux. Si les uns demandaient à Dieu la guérison de leur ami,
de l'homme qui leur avait sauvé la vie, d'autres aussi nombreux priaient
 pour leur bienfaiteur, car, si Morel était un médecin d'un rare mérite, il était
 aussi un philanthrope sans ostentation, et la douleur publique a révélé ses
bonnes Å“uvres.
   Lui aussi demandait à Dieu pour ses enfants, pour sa famille, de lui lais-
ser encore de la santé et du temps... Il ne devait pas l'obtenir et nous avons
vu cette organisation puissante peu à peu s'affaiblir, s'affaisser et s'éteindre.
Plusieurs mois suffirent à peine pour cette destruction. Le jour fatal enfin
arriva. Entouré de ses amis, sa main dans la main de celui d'entr'eux peut-
être le plus rapproché de son cœur (1) et qui ne l'avait pas quitté pendant une
longue nuit d'une douloureuse agonie, l'homme de bien est mort, cette
âme d'élite est rentrée dans le sein de Dieu... Que nos regrets la consolent,
que les accents de notre douleur montent jusqu'à elle... Oui, René, notre
affection te survivra... nous la reporterons sur ta jeune famille, ton nom
respecté sera la fortune de tes enfants. Un nom honoré par tant de vertus
est toujours un riche patrimoine. Adieu, Morel... Adieu, notre ami... Adieu
 encore !


                           ALBIN DE VAUXONNE.

   Le département du Rhône vient de faire une grande perte dans
la personne de M. Albin de Vauxonne, maire de la commune de
Vaux.
  Cette vie de bienfaisance, de dévouement, n'est-elle pas un
noble modèle à offrir à tous ceux qui peuvent le suivre, et ces
hommages de respect, de reconnaissance, d'attachement d'une
   (1) M. Réveil, maire de Lyon.