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206                    NOTICE HISTORIQUE
tous les genres, publiait le Régicide et Florence la religieuse,
deux romans qui ne vécurent pas plus que ses -vaudevilles ; on
peut en dire autant d'une tragédie, Virginie, ou le Triumvirat,
qu'il voulait faire jouer sur la scène parisienne. Sa mère, excel-
lente femme , et pardessus tout bonne clirétienue, fit le pèleri-
nage de Fourvière, le jour où l'aréopage des comédiens devait
décider du sort de l'œuvre de. son fils ; elle demanda avec fer-
veur à la reine du ciel d'empêcher la réception,de l'œuvre de
son fils ; la pièce fut refusée, et la bonne et pieuse mère attri-
bua à la Sainte-'Vierge ce qu'elle ne devait probablement qu'à
la faiblesse de la tragédie.
   Ce désappointement du jeune auteur fut bientôt suivi d'un
second. C'était à l'époque de la seconde restauration, où un
déluge de pamphlets politiques ou prétendus politiques inondait
la Capitale et les provinces. Audin, qui avait pris sa place parmi
les écrivams royalistes, publia une brochure sous le nom de
Bleu , Blanc, Rouge ; un autre écrivain , par le plus grand des
hasards, en publia une seconde dans le parti de l'opposition la
plus avancée. Au même moment, cette seconde brochure fut
attribuée à Audin par la police, et, en conséquence, le père pu-
tatif de cet œuvre fut appréhendé au corps et poliment conduit
dans une prison, où il n'eut pas beaucoup de peine à se faire
reconnaître pour le père d'un bon fils, et se voir aussitôt rendu
à l'air de la liberté.
   Toutes ces tracasseries détachèrent Audin de la vie de litté-
rateur ; il arrivait à l'âge mûr, sentant le besoin surtout de se
faire une fortune plutôt qu'une réputation. Dès l'année 1817,
avec l'aide du bon prêtre qui avait surveillé et encouragé ses
premières études, et dont l'œil pénétrant avait reconnu des ta-
lents plus qu'ordinaires dans son jeune protégé, il fonda à Paris
une maison de librairie, épousa la fille d'un employé du trésor,
étudia la langue allemande, l'anglaise, l'italienne, l'espagnole, et
se mit à parcourir l'Europe, non seulement, pour son commerce,
mais encore pour son instruction, car cette intelligence active ne
connaissait pas le repos. Dans l'équipage le plus humble, le sac
sur le dos, le bâton de pèlerin à la main, il parcourait les gran-