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                         FLEURY ÉPINAT.                          483
   Sur l'attique de la Façade du Rhône, il dessina ce fleuve ra-
pide sous la figure d'un vieillard. Annibal et ses Carthaginois
 arrivent, ils traversent le Rhône et marchent vers les Alpes,
qu'Annibal montre dans le lointain. Dans ces groupes, fièrement
rendus, tout est vie, mouvement, énergie ; les chameaux, les
éléphants suivent ces peuples africains, qui vont à la conquête
de l'Italie. Leur présence, au milieu de soldats demi-nus, don-
nent une couleur étrangère à cette composition.
   Sur l'attique de la Façade de la Saône, cette lente rivière est
représentée à moitié endormie, dans une attitude de calme et de
molesse. Plancus est arrivé avec les Viennois. L'emplacement
de la ville est choisi. C'est là qu'on doit s'arrêter. Les groupes
sont disposés avec symétrie et mesure, la sérénité règne sur
les visages. Les légions romaines, les Gaulois et les colons vont
commencer les travaux. On fait des sacrifices aux Dieux de la
contrée. Tout respire, dans ces groupes en repos, une profonde
et superbe tranquillité.
   Il ne fallut pas un homme ordinaire pour trouver et pour
rendre cette grande composition. L'auteur dut avoir un mouve-
ment d'orgueil, en contemplant l'Å“uvre qu'il venait de jeter sur
le papier, et il dut tourner ses regards vers l'avenir, en pen-
sant à la gloire qui allait rejaillir sur son nom. Maintenant, une
chose nous inquiète, nous, chroniqueur naïf. Toute peine mérite
salaire ; si le prêtre vit de l'autel, l'homme de génie doit vivre
de sa pensée, comme le manœuvre de son travail. Nous ne savons
si Épinat fut payé de son idée ; c'eut été simple justice. Dans
tous les cas, celle-ci ne fut point exécutée.
   Chinard, Rredin, Bourgeois, Meynier, ces deux derniers de
Paris, et une foule d'hommes distingués de notre ville voyaient
Épinat dans l'intimité. Son appartement, près de Chinard, sur
la place Croix-Pâquet, était le charmant rendez-vous de ses bons
et vrais amis. Son atelier était dans une vieille église, aujourd'hui
disparue. Le dimanche, on se rendait à Pierre-Scise, dans cette
riante et gracieuse maison de campagne, que fous les artistes
connaissaient si bien, et dont Chinard faisait cordialement les
honneurs.