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                      BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.                                525
   Outre les qualités du jurisconsulte, profondeur, dialectique vigoureuse, ju-
gement sûr, coup d'œil rapide que Nicolini a puisées dans l'étude des principes,
il possède toutes les qualités de l'écrivain. C'est un littérateur distingué. Ses
discussions les plus abstraites empruntent un charme inaccoutumé aux fré-
quentes citations que les poètes anciens, que les fictions de l'antiquité lui four-
nissent. Comme son illustre confrère, M. Ortolan, de la Faculté de droit de
Paris, il est poète; comme lui, il a donné un démenti à ces hommes exclusifs
qui prétendent établir entre les belles lettres et la science une ligne de dé-
marcation infranchissable. Sans doute, ces natures, magnifiquement douées,
sont rares; mais plus d'un exemple s'est chargé de prouver que la poésie et la
science pouvaient se donner la main.
    Ce tribut d'hommage payé au savant criminaliste, occupons-nous du travail
 de M. Flotard, Comme il le dit lui-même, c'est par un magistrat éminent que
 lui a été suggérée l'idée d'importer chez nous des richesses étrangères. Le jeune
juge suppléant a obéi à ces bienveillantes inspirations, et, après cinq mois d'un
labeur assidu, l'œuvre conseillée a été faite. Que le maître qui a enseigné le che-
min, que le disciple quil'a si bien suivi en soient remerciés au nom de la
 science.
   Nous ne demandons pas à M. Flotard pourquoi il a choisi, pour en doter son
pays, les questions de droit plutôt que l'œuvre capitale de Nicolini: l'histoire des
principes régulateurs de l'instruction des preuves, ouvrage éminemment philoso-
phiquequi,dans notre opinion, domine de beaucoup le premier, mais nous lui de-
manderons pourquoi, aulieu de traduirel'ouvrage entier, il s'est borné à de sim-
ples extraits. Nous eussions mieux aimé, pour notre part, les questions de droit,
avec tous leurs développements. Il nous semble qu'il y a plus d'un inconvénient
à raccourcir, à tailler, pour ainsi dire, les jets touffus de la pensée d'un auteur.
Hâtons-nous cependant d'ajouter que cette règle, absolue quand il s'agit
d'œuvres purement littéraires, le devient moins quand le livre à traduire
traite de matières scientifiques. Du reste, nous sommes les premiers à recon-
naître que le second procédé, la traduction restreinte, présente, sous plus
d'un rapport, des difficultés, peut-être plus nombreuses que le premier. En
effet, choisir, extraire, coordonner, en traduisant, constitue, pour l'intelli-
gence, une double opération. C'est ce double travail que M. Flotard a
accompli avec un grand bonheur. Aussi son livre est il plus qu'une traduction. A
travers le style clair, élégant, correct, chaleureux, parfois du traducteur, on
sent l'écrivain qui donnera bientôt un vêtement à sa propre pensée, et l'on
voit percer un esprit philosophique à qui les études d'un ordre élevé sont fa-
milières. M. Flotard débute d'une manière trop honorable pour qu'il ne con-
tinue pas à marcher daus la voie qu'il vient de s'ouvrir. Son consciencieux