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88                         CHRONIQUE MUSICALE.
 de Marguerite ! Elle l'a interprétée d'une façon dramatique, étrangère peut-
 être à l'œuvre de Schubert, mais que l'intervention de l'orchestre a complè-
 tement justifiée. Ne se priverait-elle pas, par l'abus qu'elle fait du trille con-
 tinu , d'un effet sûr pour émouvoir ses auditeurs, lorsqu'on l'emploie en son lieu?
    Le Roi des Aulnes, cette magnifique ballade, qu'on se réjouissait d'entendre
 avec l'accompagnement d'orchestre qui doit lui donner un caractère plus
 original encore, a, nous ne savons trop pourquoi, disparu le dernier jour
 du programme, pour être remplacé par une frêle et insignifiante romance
 de Dont Sébastien, fort bien chantée, du reste, par M. Dufrêne, dont la
 voix fraîche et sympathique plaît fort aux Lyonnais.
    Combat et Victoire, ouverture de M. Mulder, pianiste distingué, nous a
 offert une introduction qui ne manque pas d'originalité. L'instrumentation en
 est savante, mais un peu embrouillée. On y trouve pourtant de la mélodie
 et une véritable inspiration musicale. M. George Hainl pourrait donner à
 ces solennités un attrait à la fois de nouveauté et d'instruction, en nous
faisant entendre les belles ouvertures de Beethoven, Coriolan, Prome-
thée, Egmont, héonor, la Fée Mélusine, et le Songe d'une Nuil d'été de
Mendelsohn, qui sont à l'ordre du jour des trois grandes Sociétés musi-
 cales de Paris, et que nous n'avons point encore entendues à Lyon. Nous
faisons toutes ces observations à M. George Hainl, car il est placé de
façon à faire notre éducation musicale, et nous comptons sur lui pour cela.
    Mais le grand intérêt de la séance résidait surtout dans le magnifique talent
 deM m c Pleyel, qui n'a point trompé notre attente. Elle a joué, avec moins
de fougue et de passion, mais certainement avec une plus grande perfection de
mécanisme que Listz, le grand concerto de Weber, puis une fantaisie assez
faible de Prudent, sur la Juive, dont elle a fait ressortir le chant de la façon la
plus suave et la plus délicate ; enfin, les Plaintes de la jeune Fille, de Schubert,
et la Tarentelle de Rossini, transcrite pour le piano par Listz. Ce dernier
morceau exécuté avec une verve et une prestesse étonnante, a obtenu les
honneurs du bis, et terminé ce concert de dimensions exagérées.
    Nous venons d'entendre le 2 e Concert de Mme Pleyel. Impossible d'imaginer
une exécution plus éblouissante, dans l'admirable concerto de Mendelsohn,
 œuvre capitale destinée à prendre place à côté de celui de Weber. Ce dernier
morceau surtout, attaqué d'un mouvement phénoménal de vitesse, a été en-
levé aux applaudissements de la salle entière, qui a rappelé le grand pianiste,
en la couvrant de fleurs. A côté de ce talent hors ligne, le jeune Baumann,
fils de notre digne violoniste, a fait apprécier, dans un beau morceau de
Francomme, la grande manière et l'excellente méthode qui lui ont valu, il
y a trois ans, le premier prix au Conservatoire de Paris.