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FOUVM SEGVSIAVORVM. 387 elles pas en contradiction avec ie privilège de peuple libre accordé aux Ségusiaves ? Nous ne sommes pas as- sez initié à toutes les combinaisons politiques d'alors, pour en saisir les mille nuances ; on peut rencontrer, chez des peuples libres, les formes de l'administration romaine, sans qu'on doive en conclure leur dépendance. Nous avons vu que le privilège de la liberté était sou- vent mis au prix de quelque condition plus ou moins onéreuse ; et d'ailleurs, les populations gauloises n'a- vaient qu'à gagner, en adoptant les usages romains. Si nous admettons, avec Aulu-Gelle, qu'une ville est municipe, par cela seul qu'elle a des droits et des lois à elle, il n'y a aucun' inconvénient à voir, dans Lucanus, un magistrat municipal (1). Mais il est nommé duumvir de la cité, civitatis ; en prenant le mot civitas pour la nation entière, la fonction de duumvir sacerdotal de- vient alors nationale, et nous sommes conduit à voir, sous l'apparence d'une charge romaine, la dignité la plus importante, celle de sacrificateur, exercée, à Feurs, pour toute la nation; c'est ce que veut M. Bernard (2). Cette interprétation nous mènerait trop loin : elle est, de plus, inadmissible. A cette époque, il n'y avait plus, chez les Celtes, de culte national ; car, les dieux de Rome avaient aussi fait leur conquête, et brisé l'unité reli- gieuse. Du reste, on n'a jamais, que nous sachions, ren- contré desduumvirs nationaux.Rien ne nous oblige épren- dre le mot civitas dans son acception laplus restreinte. Il (j) Les duumvirs sont appelés, dans le droit, magistrats municipaux, parce qu'on ne les trouvait que dans les villes ayant un forum. (2) Oriyines du Lyonnais, 5o.