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158             LA CHAPELLE DE L'ARCHEVÊCHÉ.
Impossible! L'ensemble fait perdre les détails, les détails font
oublier l'ensemble. Eh bien ! sans pousser aussi loin la com-
paraison, quelque chose de semblable se produit à l'aspect de
cette chapelle. Est-ce une qualité? Est-ce un défaut? Nous n'o-
sons prononcer. Lorsqu'on vient à s'égarer le long des prairies
émaillées de toutes les fleurs du printemps, on trouve bien belle
cette parure luxuriante où chaque corolle apporte sa part d'har-
monie et de richesse. Et, quand le regard s'abaisse sur chaque
 brin d'herbe, comme toutes ces tiges sont légères, ces feuilles
 élégantes, ces calices gracieux ! Sans doute que la nature pos-
 sède une manière inimitable ; mais aussi l'art ne doit pas avoir
 de parti pris.
    C'est ici que les jugements vont se heurter, et que la critique
 élargira son champ de bataille. Les uns trouvent que cette cha-
pelle produit un heureux effet ; les autres trouvent qu'elle n'a
pas le sens commun. Ceux-ci auraient voulu moins de confu-
 sion, plus de sobriété: ceux-là eussent désiré delà grande pein-
ture ; d'autres se partagent entre le style grec, le style ogival, le
style roman, le style de la Renaissance. Qui a raison? Quia
tort? La réponse dépend de la solution des questions suivantes :
Quel but s'est proposé l'artiste? De quelles ressources dispo-
sait-il ? Que lui a-t-on demandé ?
    Si on n'a pas fait de la grande peinture, c'est apparemment
qu'on n'en a pas voulu. Si on n'a pas employé le style ogival ou
roman, c'est que le local ne le comportait pas. On s'est contenté
d'un système d'ornementation sans parti pris, et c'est en quoi
nous croyons que l'artiste a rempli sonbut. M. Desjardins nous
a donné les pages d'un manuscrit. Le style de sa chapelle est
celui de la Renaissance, moins l'idée de réaction.
    Il n'a subordonné ni l'a forme antique à l'idée chrétienne, ni
l'idée chrétienne à la forme antique. Il a voulu que le sens spiri-
tualiste y pénétrât sans l'amoindrir. Aussi, dans les différentes
scènes qui se rapportent à la vie des évoques de Lyon, les lignes
 se rapprochent plutôt de la forme grecque ou étrusque, que de la
forme latine. Au total, il y a la fidélité à l'art traditionnel chré-
tien, car il n'est aucun des symboles employés dans cette cha-