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236                      UNE PROMENADE
trop courir, dans le quarti er délia Bocca délia Verita, quelle
figure ferait un pont suspendu, en présence des admirables fa-
briques antiques, au milieu desquelles il aboutirait : la maison
dite de Rienzi, le temple delà Fortune-virile, le temple de Vesta,
l'église très-ancienne de Sainte-Marie in Comesdin, avec son
pavé mosaïque, ses ambons, son siège épiscopal, ses colonnes
antiques, et célèbre par les souvenirs de Saint Augustin ? Je m'a-
dresse au touriste le plus nul : ne serait-il pas désolé .de voir
disparaître l'embouchure de la Cloaca.maxima, ce vaste égoût,
œuvre des deux Tarquins, l'ancien et le superbe—par les tra-
vaux que nécessiteraient probablement les abords du pont en
question ? 11 n'y a qu'un commis-voyageur, surtout si c'est un
parisien, qui ne voulut pas renoncer à la profanation du ponte
Botto et à la disparition de la grande cloaque. Pour tracer une
rue en ligne droite, celui-ci ne reculerait pas devant la démo-
lition du Panthéon.
   Mais, hélas ! le progrès ne date pas de notre époque. L'his-
toire de Rome est remplie de ses hauts faits. C'est lui qui subs-
tituait, à l'ancien et vénérable Saint-Pierre de Constantin, ce
lourd monument, sans caractère religieux, dans lequel Bernin
a étalé ses magnifiques extravagances. Le progrès a renfermé
dans de disgracieux piliers les colonnes de porphyre rouge de
Saint-Jean-de-Latran ; il a converti en carrière le Colysée, pour
construire les palais des princes romains ; c'est lui qui inspirait
Benoit XIII ( 1724-30), voulant faire effacer au Vatican les fres-
ques de Raphaël, pour substituer à queste porcherie (sic) des
peintures plus modernes.
   Si de la ville je passe à la campagne, je ferai entendre les
mêmes doléances. Combien j'aime ces belles lignes ondulées,
ces terrains éboulés naturellement, ces ruines majestueuses,
cette immense solitude qui fait penser, et ces longues suites
d'aqueducs qui ne disparaissent pas, masqués par des milliers
de bastides, plus laides les unes que les autres. Si jamais nous
allons à Albano par un chemin de fer, adieu l'arc de Drusus, la
porte Saint-Sébastien, le tombeau Cecilia Metella, et la voie Ap-
pienne, pavée encore de ses larges blocs de basalte ! .l'entends