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38                        MONOGRAPHIE
retrouver en substance, du moins, dans les Annales'de Tacite,
mais il n'en fut rien. Le fragment conservé par le monument
antique a deux fois plus de longueur que le discours entier, tel
qu'il a été donné par l'historien latin. Toutefois, malgré sa
concision, Tacite n'a certainement rien oublié d'essentiel ; il est
donc permis de croire que nous connaissons toute la pensée de
l'empereur. Tacite a beaucoup abrégé, et il a, en outre, disposé
les arguments de l'orateur dans un ordre plus logique que le
bronze ne les montre. Celui-ci commence par une invitation a-
dressée aux sénateurs, à ne point considérer, comme une nou-
veauté, la proposition qui leur est soumise ; c'est justement la
fin du discours dans l'historien. Le bronze place au milieu de
la harangue les exemples cités, par l'orateur impérial de sé-
nateurs venus de l'étranger, tandisque Tacite plus judicieux en
fait, en quelque sorte, son entrée en matière. Tacite est éco-
 nome de noms propres et de détails ; il se borne à l'indication
 des faits qu'il est absolument indispensable de rappeler, Claude
 au contraire prodigue les hors-d'œuvre. Après avoir fait étala-
ge de connaissances historiques, il délaye sa pensée dans de
 prolixes développements, sort à chaque instant de son sujet,
 recommande au sénat les fils de son ami Vestinus, et injurie
 un sénateur gaulois qui fut sans doute son ennemi. Après s'être
 mis lui-même en scène, il dit quelques mots de la cause des
 Gaulois-Chevelus, cite son père et parle encore de lui. Tacite
 a beaucoup embelli la parole du prince : il lui a donné ce qu'elle
 n'avait pas, l'éclat, la concision et une grande force de logique ;
 Claude se peint au naturel sur le bronze, il y est représenté
 comme aurait fait un miroir. Mais le fond des idées n'en est pas
 moins le même dans les deux discours ; ils ont bien évidemment
 le même sujet.
    Le paradoxal Menestrier n'est cependant pas de cet avis :
  « On n'a qu'à lire, dit-il, les deux tables avec attention pour
 voir quelles sont tout autre chose que la harangue de Claude,
 pour ceux d'Autun. Cet empereur fit donc deux actions très-
 différentes au sénat au temps de sa censure ; il demanda, pour
 ceux d'Autun, le droit d'être admis aux charges de la république,