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36                         MONOGRAPHIE
ORATIA TUA , JAM ENIM AD EXTREMOS FINES GALLIJE               NAR-
BONENSIS VENISTI.     Le caractère de cette interruption a été un
 sujet de controverse. Claude s'est-il adressé la parole à lui même,
 ou a-t-il été rappelé à la question par le sénat impatienté?
Menestrier, peu scrupuleux, traduit ainsi : « Il est enfin temps que
je vous fasse connaître à quoi tend le discours, car je suis déjà
arrivé aux extrémités delà Gaule-Narbonnaise. » Colonian'est
pas plus fidèle; voici sa version : « Enfin, Messieurs, il est temps
que je vous fasse connaître quel est le but de ce discours, car
me voici aux extrémités de la Gaule-Narbonnaise. » Clerjon tra-
duit de la même manière, il ne supprime que le mot Messieurs,
adressé aux sénateurs romains par le père Jésuite. Pour échap-
per à une difficulté dont ils ne pouvaient se rendre compte, Me-
nestrier et ses imitateurs ont jugé convenable d'altérer le texte
et de substituer la première personne à la seconde. Mais cette
licence n'est pas permise : on lit sur le bronze : Tempus est jam,
detegere te Patribus Conseriptis quo tendat oratio tua , c'était
avec ce texte immuable qu'il fallait absolument s'arranger.
   On a supposé alors que les sénateurs, excédés par la diffusion
insupportable de l'orateur impérial, l'avaient interrompu pour
le ramener à la question. Des éditeurs de la table de Claude,
enchérissant encore sur la sévérité de l'assemblée impatientée,
ont adressé à l'empereur des sarcasmes dontle moindre défaut est
leur parfaite injustice. Ce système que l'interruption estvenue du
sénat a généralement prévalu: M. Charles Zell n'y a pas échappé.
Après avoir énergiquement blâmé l'infidélité de la traduction
du P. Menestrier, il se demande si l'interpellation a été faite
réellement, et si elle a été consignée dans les actes du sénat : ce
doute était un pas vers la vérité. Mais M. Zell ne va pas plus
loin ; si l'interpellation est vraie, dit-il, il faut en inférer ou
qu'il ne subsistait plus vestige de l'antique liberté de la parole,
ou que la prolixité de l'orateur a fait sortir de toute mesure les
Pères Conscrits, quelque patients qu'ils fussent à supporter
l'ennui. M. Zell explique l'interruption en citant un passage
de Suétone qui montre Claude dans d'autres circonstances ba-
foué, accusé et grossièrement insulté sur son tribunal. Aucun