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 qui, produit d'abord dans le cercle universitaire, a ému l'attention la
 plus vive chez les sommités du haut enseignement, et qui, livré aujour-
 d'hui au public littéraire, va fournir un ample sujet de réflexions à
 ceux qui aiment à pénétrer le sens des œuvres capitales de la poésie.
 C'était une tâche redoutable que celle de mettre à nu les ressorts
 philosophiques de la Divine Comédie ; il fallait d'abord pour cela
  bien posséder la notion de la vraie poésie et de la poésie chrétienne
 en particulier, savoir, que le symbolisme est son essence, quelle est
 la représentation visible d'un peu de l'invisible idéal ; il fallait en-
 suite avoir l'intelligence spéciale du symbolisme chrétien, si riche et
si profond ; il fallait enfin une connaissance approfondie de cette
philosophie du moyen-âge, luxuriante comme son architecture, or-
 née, comme ses cathédrales, de détails patients tels que n'en creusa
jamais le ciseau de l'antiquité, comme elles, fertile en élancements
sublimes qui portent Famé à des hauteurs que n'atteignirent
ni les frontons del'Acropolis, ni les enseignements de Platon. Ces
conditions de savoir et d'élévation d'esprit ont visiblement pré-
sidé au travail de M. Ozanam, aidées de cette patience et de cette
conscience littéraire si rares à notre époque de livres qui coûtent un
jour à faire et qui vivent un jour. Nous n'essayerons pas l'analyse
de son ouvrage, il est trop substantiel pour qu'on puisse en réduire
les idées à la simple expression d'un article; nous nous contenterons
de donner quelques-unes de ses conclusions, satisfait si nous avons
inspiré le désir de l'étudier comme il mérite de l'être.
    Après un tableau largement tracé de l'état de la chrétienté au
XIII" et XIVe siècles, M. Ozanam fait ressortir, sur l'ensemble du
développement intellectuel de l'Europe, la philosophie italienne pour
en fixer le caractère national qui consiste, selon lui, à maintenir dans
leur alliancs primitive la tendance morale et la forme poétique.
C'est sur cette terre douée de la double fécondité du beau et du
vrai, que devait naître la Divine Comédie. En suivant la division
que Dante a lui-même adoptée dans son couvre, l'habile commenta-
teur cherche quelles sont les idées du poète sur le mal (l'enfer),
le mal et le bien dans leur rapprochement et dans leur lutte (le
purgatoire), et le bien (le paradis). Dante, certainement, n'a pas
 tiré de son propre fond toutes les idées qu'il a si magnifiquement