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156 contribution foncière, n'eurent plus le même attrait pour Prony, qui reprit exclusivement son service d'ingénieur des ponts et chaussées, service que d'ailleurs il n'avait jamais totalement abandonné. Ce fut alors qu'il eut à remplir des missions difficiles et délicates à Harfleur et aux canaux de Loing, Briare et Orléans. Cependant M. de Cliézy, qui, après MM. Perronet et Lamblardie, avait eu la direction de l'Ecole des ponts et chaussées, décéda le 15 vendémiaire, an VII; Prony lui succéda. L'Ecole s'était ressentie de la tourmente révolutionnaire : il y avait relâ- chement et découragement. Le nouveau directeur eut beaucoup à faire pour ramener les élèves à la discipline, sans laquelle il est impossible de faire des études sérieuses et utiles. En rétablissant l'ordre, en imprimant aux élè- ves l'amour du travail, il a rendu à l'Ecole son ancienne splendeur. Un si beau résultat fut récompensé par le grade d'inspecteur-général, qui lui fut conféré le 2S mars 1805 et dont il excerça les fonctions sans cesser de diriger l'Ecole des ponts et chaussées. En vous parlant de l'ordre que M. de Prony avait rétabli dans cette Ecole, j'aurais dû ajouter que son apparente sévérité était tempérée par une douce bienveillance envers la jeunesse studieuse dont il était devenu père. Ouïe plaignait un jour de ce qu'il était destiné à mourir sans laisser de postérité ; il répondit en montrant ses nombreux élèves : Quel est le père qui peut jouir du bonheur d'avoir autant d'enfants? Panvresjeunes gens! aux approches de la belle saison, vous êtes tous partis gaiement pour aller, suivant l'usage, visiter les travaux qui s'exécutent dans les diverses régions de la France, et apprendre, par l'expérience comment se doit faire l'application de la théorie à la pratique ; mais, à la fin de l'au- tomne, quand vous reviendrez sur les bancs de l'Ecole, que la nature vous semblera triste ! quel vide vous éprouverez en cherchant inutilement, je [ne dirai pas votre chef, mais votre guide et votre ami! Ah ! combien vous gé- mirez de ce que vos courses lointaines ne vous ont pas permis de venir ayee nous lui dire un éternel adieu. Le savant orateur qui m'a précédé vous a déjà peint a grands traits les missions importantes qui furent confiées à M. de Prony sur plusieurs points de la France, aux confins de l'Espagne et surtout en Italie, où il s'est rendu trois fois pour visiter le Pô, le port de Gènes, le golfe de la Spésia, les ports d'Aucône et de Venise, et pour donner son avis sur les travaux de tout genre que l'empereur y projetait. Je me borne doue à vous les rappe- ler ; mais j'insisterai sur les marais Pontins, dont l'étude, dans un climat in- salubre, n'était pas sans danger. Les plans et mémoires publiés à ce sujet