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famille honorable, livrée au commerce, et qui a pour der-
 nier représentant M. l'abbé Pollet, revenu dans sa patrie,
après une longue absence de France. La première éducation
de Pollet ne fut pas très complète, et, dans le cours de sa car-
rière si courte, mais si pleine, il ne parvint jamais, malgré sa
haute capacité, à voiler ou à suppléer ce qui lui manquait de
ce côté. Il ne fréquenta le Grand-Collège que pendant peu
d'années, et passa de là à l'école communale de dessin, où il
eut pour maître M. Cochet, architecte, et où le premier prix
d'architecture, remporté à un âge encore tendre, fut la récom-
pense de son zèle et de ses progrès. Dès lors, il marcha seul
avec ses propres Å“uvres. Pollet sentit de bonne heure le be-
soin de visiter et de comparer entre elles les diverses formes
architecturales ; cependant, par instinct et par shnpalhie, il se
voua spécialement à l'étude de l'art religieux. Il parcourut
plusieurs départements de France, séjourna à Paris, et rappor-
ta à Lyon un vif amour de sa profession et une grande passion
pour la gloire. La théorie de l'ère architectonique, née au
commencement du XIII e siècle, et close par la renais-
sance, s'était fixée en caractères précis dans son esprit; il avait
étudié avec fruit cette magnifique école du moyen-âge, et avait
appris à en distinguer les diverses phases si nettement accu-
sées par un faire sévère au XIIIe siècle , par un style orné
au XIVe, par un système riche dans la première moitié du XVe,
et par une opulence devenue désordre, prodigalité et corrup-
tion dans la deuxième moilié du même siècle. — Cette théorie
de l'architectonique nationale, à laquelle tant de nobles efforts
n'ont encore pu ravir le sobriquet de gothique , le jeune et fer-
vent artiste avait hâte de l'appliquer.
   Une des basiliques les plus belles de France, l'une des gloi-
res monumenlaires les plus pures de notre grande cité, l'église
de St-Nizier., type parfait de l'architecture religieuse du XVe
siècle, encore renfermée dans les limites du bon goût, l'église
de St-Nizier enfin, voulait, grâce à la piété et aux largesses de
ses fidèles, cicatriser les blessures que lui avait faites la révo-