page suivante »
116 famille honorable, livrée au commerce, et qui a pour der- nier représentant M. l'abbé Pollet, revenu dans sa patrie, après une longue absence de France. La première éducation de Pollet ne fut pas très complète, et, dans le cours de sa car- rière si courte, mais si pleine, il ne parvint jamais, malgré sa haute capacité, à voiler ou à suppléer ce qui lui manquait de ce côté. Il ne fréquenta le Grand-Collège que pendant peu d'années, et passa de là à l'école communale de dessin, où il eut pour maître M. Cochet, architecte, et où le premier prix d'architecture, remporté à un âge encore tendre, fut la récom- pense de son zèle et de ses progrès. Dès lors, il marcha seul avec ses propres œuvres. Pollet sentit de bonne heure le be- soin de visiter et de comparer entre elles les diverses formes architecturales ; cependant, par instinct et par shnpalhie, il se voua spécialement à l'étude de l'art religieux. Il parcourut plusieurs départements de France, séjourna à Paris, et rappor- ta à Lyon un vif amour de sa profession et une grande passion pour la gloire. La théorie de l'ère architectonique, née au commencement du XIII e siècle, et close par la renais- sance, s'était fixée en caractères précis dans son esprit; il avait étudié avec fruit cette magnifique école du moyen-âge, et avait appris à en distinguer les diverses phases si nettement accu- sées par un faire sévère au XIIIe siècle , par un style orné au XIVe, par un système riche dans la première moitié du XVe, et par une opulence devenue désordre, prodigalité et corrup- tion dans la deuxième moilié du même siècle. — Cette théorie de l'architectonique nationale, à laquelle tant de nobles efforts n'ont encore pu ravir le sobriquet de gothique , le jeune et fer- vent artiste avait hâte de l'appliquer. Une des basiliques les plus belles de France, l'une des gloi- res monumenlaires les plus pures de notre grande cité, l'église de St-Nizier., type parfait de l'architecture religieuse du XVe siècle, encore renfermée dans les limites du bon goût, l'église de St-Nizier enfin, voulait, grâce à la piété et aux largesses de ses fidèles, cicatriser les blessures que lui avait faites la révo-