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                                 S38
    Quelques-uns des ouvrages de Stella se trouvent en Italie;
 l'Espagne en possède un grand nombre. Les Espagnols pri-
 saient beaucoup Je genre de cet artiste : des offres avanta-
 geuses lui furent faites pour l'attirer à Madrid ; mais il avait
 peine à quitter Rome, non pas seulement à cause des r i -
chesses artistiques de celte ville , mais encore à cause
de la société qu'on y rencontrait. Rome était brillante
alors ; tout ce qu'il y avait de grand dans le monde allait
à Rome ; c'était le rendez-vous des célébrités de toutes les
nations ; le génie y trouvait amitié, protection et fortune.
Sans une aventure qui aurait pu avoir des suites fâcheu-
ses et qui contribua cependant à faire ressortir les talents
de Stella, ce peintre y eut passé sa vie.
    Les artistes italiens ne voyaient pas sans jalousie les
étrangers, surtout les Français, travailler à des œuvres gran-
dioses. Cette jalousie prenait plus de force encore lorsque
l'on confiait aux étrangers de grands travaux dans les cou-
vents et les églises. Slella reçu, fêlé, pourvu d'ouvrages
par les cardinaux et les papes, devint le point de mire
de quelques furieux qui le haïssaient, non seulement à cause
de ses compositions, mais encore parce qu'il jouissait de
l'estime des principaux citoyens.
    Slella était de petite taille, mince, fluet, mais fort joli
h o m m e ; d'un caractère enjoué, aimable spirituel, galant
 et passionné pour les femmes. Il n'avait pu voir sans l'ai-
mer une jeune fille nommé Louise, sœur d'un peintre r o -
main. Louise était b e l l e : elle avait seize ans au p l u s , des
cheveux noirs, de beaux yeux, une taille délicieuse, un
esprit d'ange. Slella l'aima passionnément ; mais le peintre
italien, le frère, le tyran de Louise, détestait de toute son
ame Stella. Il ne se fut pas plutôt aperçu de ses assiduités
auprès de sa sœur, qu'il employât, pour les faire cesser,
tous les moyens en son pouvoir. Slella rôdait souvent au-
tour de la maison de Louise ; il ne manquait pas une messe,
un office à Sainte-Marie-Majeure où il avait vu Louise pour la