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augmentant sans cesse p a r l a vente des indulgences, avaient
de nombreux revenus qui n'étaient p l u s , comme autrefois,
employés au bien du peuple, mais qui devenaient des instru-
ments de vanité ; le luxe était porté au dernier degré : déjà
l'opinion émue présentait une réforme; des blâmes sévères
avaient été lancés par la voix des puissants de la terre. Au
quinzième et au quatorzième siècle, une amélioration de la
discipline avait été tentée ; elle n'avait pu réussir , déjà
l'empereur Charles IV écrivant, en 1359, à l'archevêque de
Mayence, lui parlait du luxe des prélats Romains : « De Chrisii
patrimonio, ludos, haslidulia et torneamenta exercent ; habitum
militarem cum prœtextis aureis et argenteis gestant et calceas
militares, comam et barbam mitriunt et nihil quod ad vitam et
ordinem ecclesiasticum spectet ostendunt. Etsi nous devons citer
ici un auteur que son orthodoxie met à l'abri de tout soupçon,
nous rappellerons les paroles de Bellarmin : « Quelques an-
nées avant les hérésies de Luther et de Calvin, dit-il, il n'y
avait plus, suivant le témoignage des auteurs contemporains,
ni sévérité dans les tribunaux ecclésiastiques, ni discipline
dans les mœurs du clergé, ni connaissance des sciences sa-
crées, il ne restait enfin presque plus de religion (1). »
   Ce dérèglement avait augmenté ; il était sans bornes : nous
avons dit au commencement de ce travail ce que l'Italie faisait
pour les beaux-arts et pour la philosophie payenne ; nous
avons indiqué des causes profondes de la réforme. La réaction
naturelle à l'esprit humain était imminente. L'Europe n'at-
tendait qu'un prétexte ; Il le trouva précisément clans la cons-
truction d'une des merveilles de l'art romain, dans l'achève-
ment de Saint-Pierre de Piome.
  Le trésor pontifical avait besoin d'argent : il vendit à Albert,
archevêque de Mayence et évêque d'Halbersladt, le droit de
publier et de distribuer des indulgences ; celui-ci le revendit
à Friger d'Augsbourg; et Albert fit prêcher ses indulgences


  (1) Bellarmin Concio XXVIII opcra, T. VI, édit, Colon. 1617.