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un» honteuse erreur, les dieux troyens, et, dans le secret
sanctuaire de leurs foyers, ils vénèrent les pénates exilés de
la Phrygie.
<< Le sénat, - je rougis de rappeler tant de turpitudes de
nos pères, — le sénat honore Janus aux deux visages ; il ho-
nore Sterculus, et célèbre les fêtes du Dieu Saturne.
« 0 Christ! efface un tel déshonneur; envoie ton Gabriel,
afin que l'aveugle descendance d'Iule connaisse le vrai Dieu.
« Et déjà nous avons des gages assurés de cette espérance ;
déjà régnent dans Rome les deux princes des apôtres.
« L'un est le noble instrument de la vocation des Gentils ;
l'autre, assis sur la première chaire^ est chargé d'ouvrir les
portes de l'éternité.
« Loin donc, adultère Jupiter, souillé de l'inceste de ta
sœur ; laisse Rome en sa liberté, et fuis loin du peuple de
Jésus-Christ.
« C'est Paul qui te chasse d'ici; c'est le sang de Pierre qui
crie contre toi ; le crime de Néron, que tu avais armé toi-
même, te nuit maintenant.
« Je vois venir un prince, un prince serviteur de Dieu,
lequel ne permettra pas que Rome soit esclave de ces sacri-
fices d'ignominie.
« Il fermera les temples ; il en scellera les portes d'ivoire.
Par son ordre, d'éternels verroux en défendront le seuil.
« Alors enfin-,les marbres resplendiront, purs de tout sang,
et les statues d'airain, maintenant image des dieux, seront
alors debout, sans coupables hommages (1). »
Ainsi partagé entre l'attente d'un avenir plus fortuné et les
terreurs de l'orage grondant à de fréquents intervalles, l'église,
dans l'empire et dans Rome en particulier, allait croissant
toujours en force et en étendue, comme le remarque Pru-
dence. Le diacre dont il célèbre la mort fut martyrisé en
l'année 260. Vers la fin de cette hymne, le poète qui vient de
(l)Des Couronnes, hymne u, 415—481,