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        CHRONIQUE DU MOIS DE NOVEMBRE.

       La Société des Amis dos Arts ouvrira son exposition le 10 décembre dans
  la grande salle du Musée où les tableaux recevront un jour égal dans toute
  l'étendue de la galerie, avantage que nos peintres ne trouvaient pas, à leur grand
  regret, aux précédentes expositions. Le salon sera, d i t - o n , brillant et nom-
  breux. Pour le bien être et l'agrément du public, on va recouvrir de tapis les
  dalles de inarbre et établir des calorifères. Des sièges, placés au milieu de la
  galerie, recevront les visiteurs fatigués. D'élégantes décorations et les sons h a r -
  monieux d'une orgue flatteront les yeux et les oreilles. Le groupe de Caïn par
 Etex , récemment accordé à la ville, sera, sans contredit, un des plus beaux
 ornements. Au riche budget d e la Société , budget q u i , l'an dernier, dépassait
 5 0 , 0 0 0 fr., le Conseil municipal a, dans l'intérêt des Arts, ajouté une somme
  de 10,000 fr. pour l'acquisition des plus remarquables ouvrages dont il enri-
 chira notre Musée contemporain.
       L'an passé, tout en regrettant que la Société des Amis des Arts eût dépensé
 une somme assez forte pour la malheureuse reproduction, à l'aqua-linta, du
 tableau de Jacquand, nous émettions le vœu de voir la commission des Amis
 des Arts entreprendre un Album du Lyonnais avec l'aide de nos artistes ; ce
 vœu, elle l'a réalisé cette année, mais à moitié, c'est-à-dire,|selon sou habitude,
 avec des talents empruntés à la capitale. Un cahier de dix planches lilhogra-
 phiées, représentant des vues de Lyon et de ses environs sera, tous les ans, le
 lot des souscripteurs. Celte publication ne sera point répandue dans le com-
 m e r c e . On avait fait la même promesse pour Gaston de Foix et on le trouve
 aujourd'hui chez tous les marchands de gravure.
      Vous croyez, sans doute, que pour ces dix lithographieson a réclamé l'offi-
 cieux concours des artistes de Lyon, qu'on a cherché enfin à faire une œuvre»
 qu'on pût montrer avec quelque orgueil comme sortie de notre ville. Point !
 Au lieu de s'adresser à nos artistes qui y auraient.mis de l'amour-proprc et du
désintéressement, on a, sans leur en avoir rien dit, arrêté, à son passage, Hols-
 t e i n , artiste d'un grand talent, il est vrai, et on lui a fait faire, à travers une pluie
incessante, dix croquis, puis on l'a chargé de les emporter à Paris pour les
faire dessiner sur pierre par des artistes de ia capitale, dont nous sommes
 loin de nier le mérite, il s'en faut, mais qui n'ont pas besoin d'être encouragés
par nous. Voilà comment on a compris celte œuvre. Voilà, du reste, comment
la plupart des membres delà Commission entendent le développement de l'art
en province, et comment ils favorisent nos artistes. C'est ainsi qu'ils d é t o u r -
 nent la Société de son but et de sa destination primitive. Nous sommes tou-
jours à genoux devant le soleil centralisateur. Tout pour ceux qui ne nous
accordent r i e n ; témoins le tableau d'Isabey, acheté sur un croquis, et celui
d'Horace Vernet qu'on est allé, l'an passé, déterrer à Paris chez un marchand de
bric-à-brac. On dirait que nous gardons nos encouragements pour ceux qui n'en
ont pas besoin. C'est en tout et pour tout la même chose. Voulez-vous des exem-
ples, en voici : La banque de Lyon a-t-elle un billet à faire exécuter, elle l'en-
voie à Barre. Notre école Saint-Pierre ne fait-elle pas frapper ses médailles à
P a r i s ; et nous avons ici MM. Pennin, Dantzell, Durand, habiles graveurs
dont la capitale sait fort bien au besoin exploiter le talent. Car, on lésait, les
artistesde renom ne peuvent pas fairetouteslesœuvres qu'onleur commande.
  — Notre Conseil municipal q u i , dans son effroi d'une invasion de grands
hommes en notre ville , avait rejeté la statue d u sculpteur Chinard que sa
veuve voulait léguer à la cité, a décidé, bien tardivement, qu'une statue en