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28 d'échapper à i\n sort si inévitable; mais je me sentais heu- reux de mourir avec Olivier, avec tant de braves marins. J'avais vécu. — O h ! repondis-je à Olivier, n'avons-nous pas la même destinée à subir; nous mourrons ensemble et nous irons explorer d'autres mondes. Nous ne tenons à rien, per- sonne ne tient à nous. Nos corps retomberont dans la mer, comme tout ce qui vil sur terre y tombe. — Oui, me dit-il en me serrant la main, la mer serait un beau sépulcre pour nous, si l'on pouvait y tomber glorieusement; mais se sentir hisser à celle grande vergue, c'esl mourir comme un homme qui ne mon Ire du courage que parce qu'il y est forcé.— Quoi! lui dis-je, n'en montres-tu pas maintenant, n'auras-tu pas de la gloire si tu échappes i' Chasse ces tristes idées. — La mort semblait le fuir. Il se plaçait dans les lieux les plus ex- posés. Là où un boulet avait passé, il allait s'y mettre, dans l'espoir qu'un autre suivrait.la même roule. Vaine attente ! sa destinée semblait écrite. Cependant l'équipage s'éclaircissait davantage. Les nègres criaient, hurlaient dans leur cale. J'é- tais sur le gaillard d'arrière, le capitaine venait de descendre lorsque un matelot vint me dire qu'il n'y avait plus de pou- dre à la St e -Barbe. Celle nouvelle me frappa à la poitrine comme un coup de foudre : plus de poudre ! m'écriai-je en lançant des regards furieux autour de moi; nous ne l'avons pas toute usée. — Non, jura le maître d'équipage qui parut alors changer de figure. — Nous avions eu la même idée tous deux. —Et d'un bond il s'élance à la cabine du capitaine, l'enfonce! Rien.—Trahis! Trahis! s'écrie-l-il,oh! le scélérat, où est-il i1 qu'il meure avant nous, le lâche ! l'infâme ! ne pas mê- me nous laisser l'honneur d'une mort glorieuse?... Il courait à pas précipités sur le p o n t , rugissant comme un tigre qui, dans sa cage de fer, voit venir la mort sans pouvoir la donner. Ce mouvement confus de l'arrière, cet emportement inac- coutumé de maître Philippe attira les matelots vers nous... De la poudre! crièrent-ils, de la poudre pour nous défendre, pour engloutir cette infernale corvette!,.. Plus ! plus! s'écria Olivier