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180 remarqué une foule de personnages, les uns complètement nus, les autres habillés de vingt manières, et je n'y ai rien compris. — Est-ce tout? Attends.... ah! je me rappelle un édifice vaste comme une ville, fondé par un autre sultan dont quelques-uns d'entre vous, je ne sais plus pourquoi, parlent avec assez peu de respect. C'était pourtant une noble idée que de réunir, pour soigner honorablement leur vieillesse, les braves mutilés dans les combats. • Et le Panthéon, ce magnifique temple consacré mainte- — nant à nos gloires nationales ? — Le Panthéon? répéta Méhemet, en fouillant dans sa mémoire, le Panthéon ? Ce mot-là n'est pas français, ce me semble. Eh oui !... tout en haut d'une petite montagne, une majestueuse mosquée, déserte comme une ruine. Mais on dit, au contraire, que vous ne savez quelle destination lui donner. A quoi vous sert donc de construire à grands frais ce que vous nommez des monuments ? — Que veux-tu, dit l'officier cherchant à éluder des expli- cations, ce sont des incertitudes passagères. Au reste, bien que ce monument ait changé trop souvent de destination, il n'en contribue pas moins à l'embellissement de la cité. — L'embellissement de la cité ! Vous voilà bien, hommes frivoles, arbres creux qui n'avez que l'ecorce ; tout pour l'orgueil et rien pour la raison. Des palais de marbre encom- brés de mendiants flattent plus votre vanité que ne le feraient des habitations modestes peuplées d'êtres heureux. Quant à moi, j'admirerais volontiers vos somptueuses constructions, si autour de la plupart je n'avais rencontré une fourmilière de créatures misérables s'agilant dans un éternel bourbier. Le jeune Français ne crut point devoir répliquer à cette nouvelle boutade, et l'Arabe continua. — Qu'importent à un ami de l'humanité ces splendides édi- fices conçues plus encore dans une pensée orgueilleuse qu'en