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481 mondes, à un nouvel ordre d'êtres, et, absorbé dans mon extase, j'entends une puissante harmonie qui se répand des célestes sphères aux profonds abîmes. Simple enfant, je la sentais déjà au milieu des innocents pensers du toit paternel, et déjà , dans l'avril de mes ans, elle retentit fortement en mon âme, lorsque je fus le malencontreux jouet des sévères ministres de Thémis*; que, dédaigneux, je laissai la Dora, pour courir à l'Arno et au Tibre, et qu'il me croissait un lau- rier pour prouver du moins que je ne méritai pas tant de honte. À présent que, fatigué du bruit des cités, je vais errant sur les sommets de l'Helvétie, à présent l'harmonie d'en haut me révèle de nobles concerts, devenus la règle de mes jours. La villageoise qui joue, qui danse, qui mène au pâturage, à la fontaine, ses brebis chéries, me rappelle, avec son agreste caant, à l'âge antique si vanté, et ignorant les besoins et la fraude, et riche d'innocence. Le Léman, qui tantôt caresse d'amoureux baisers ses cal- mes et odorantes rives, et tantôt frémissant gonfle ses ondes pour la tempête, le Léman renouvelle pour moi l'image d'une vie abandonnée aux vicissitudes du sort. Le vaste bateau à qui l'Anglais donna des ailes de feu brise ses flots avec assurance, et derrière sa course rapide laisse un long et agréable sillon tout argenlô. A peine l'admiré-je , qu'il disparaît soudain ; j'aperçois dans ce sillon la vie fugitive des grandeurs humaines. Sous le toit rustique d'un vieux pasteur, je suis accueilli avec un sourire qui n'est point mensonger. C'est une belle chose de le voir ! Sur la dernière heure du jour, il assemble avec un doux regard autour d'une humble table sa pauvre (1) Allusion à une mésaventure de l'auteur, dans un examen à l'Université de Turin,