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299 dans le pathétique de ces relations dont nos Revues abonr dent. Souvenirs marilimes, impressions océaniques, il leur en faut comme il faut au restaurateur d'à présent l'indispen- sable marée. Nos artistes eux-mêmes ne s'en font pas faute, à ce point que ce n'est plus la plaine de Grenelle, mais la littérature, mais les arts qui tendent à devenir port de mer. Patience ! ce genre baissera comme ont baissé nos den- rées coloniales. L'industrie littéraire n'a-t-elle pas ses phases ? à l'exemple de ses sœurs, elle se ravive à de nou- veaux produits ; et déjà l'on s'étonne que les suivant pas à pas, dans cette marche progressive, elle ne se soit pas jetée comme elles dans les mines pour devenir houilUère et créer le genre subterranéen qui nous manque. HouilUère, on lui garantit bonne chance, meilleure que celle du procès de Saint-Berain. La vie du mineur vaut bien celle du marin. L'intérieur d'une mine est aussi pour l'ar- tiste un sujet que nul crayon humain n'a encore esquissé. Les entrailles du globe offrent comme celles du corps de mystérieuses révélations, des phénomènes beaux à étudier, à décrire. Une élaboration secrète, un travail sourd décèle que là séjourne l'ame matérielle toujours à l'œuvre ; et que là dans ces sombres régions il y a pour le poète un foyer incandescent d'inspirations fantastiques, que nourissent de si- nistres apparitions, celles des larves, du gnome, héros obli- gés des ballades et des légendes A la littérature convertie au genre subterranéen, les catas- trophes, les émotions fortes ne faillisent pas. Les périls que courent nos mineurs égalent ceux des marins, s'ils ne les sur- passent pas. Même plus d'occasions se rencontrent où la mort est invoquée comme secours. Là le feu et l'eau plus terribles que sur la mer ; puis les éboulements et les affaissements sans nombre. En creusant, le mineur creuse souvent sa fosse qui le reçoit tout vivant. Quand on a sur sa tête la voûte céleste que l'on peut voir, l'espérance n'abandonne jamais.