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 distinguait entre tous les autres êtres de ce monde. Voilà ce
 qu'il nous est enfin permis de librement proclamer au
XIX e siècle! Mais, ne soyons pas ingrats, n'oublions pas,
Messieurs, de rendre hommage à la mémoire de ceux qui
nous ont conquis le droit de dire ce que nous venons de dire.
Quel est l'ami de la philosophie qui pourrait songer sans
respect, sans reconnaissance et sans émotion aux longs et
courageux efforts de tous ceux qui ont travaillé à l'émancipa-
tion de l'esprit humain? Depuis Socrate jusqu'à Jordano
Bruno et Vanini, à travers toutes les périodes de l'histoire de
la philosophie, combien ne rencontre-t-on pas d'esprits élevés
et généreux qui ont intrépidement protesté contre toutes les
espèces de joug auxquelles différentes sortes de pouvoir ont
entrepris de soumettre la pensée philosophique ? Combien
ont été condamnés et persécutés, combien ont été chassés
de pays en pays, poursuivis par tous les pouvoirs et par tous
les sacerdoces , combien, enfin, sont morts martyrs de cette
cause sainte ? Gomment donc oserions-nous nous appeler
sans rougir, les héritiers de ces hommes héroïques, si, par
une inconcevable pusillanimité, nous avions le malheur
d'hésiter à proclamer ce magnifique et incontestable résultat
de leur dévoûment, comme aussi de tous les grands événe-
ments des temps modernes? Aujourd'hui, grâce à Dieu, d'un
bout du monde civilisé à l'autre, ce long procès entre l'au-
torité et la raison, a été gagné par la raison ; car, dans tous
les pays civilisés , il y a des hommes spécialement chargés
d'enseigner la philosophie, c'est-à-dire, de discuter libre-
ment par la raison et au nom de la raison tous les grands
problèmes relatifs à l'homme, à Dieu et à la nature sans
avoir cependant d'autre mission que celle qui leur a été don-
née par la société , c'est-à-dire par l'état qui la gouverne et
la représente. Oui, Messieurs, pour quiconque y songe sé-
rieusement, le fait seul de l'existence d'une chaire de philo-