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Ël, pour calmer sa soif qui renaissait toujours,
S'abîma dans les eaux de coupables amours.
Et je vis sa douleur s'épancher plus cruelle,
Sur un adolescent qui souffrait auprès d'elle,
Comme un saule incliné par les eaux de la nuit,
Les répand à son tour sur la fleur qui languit.
Elle couvrait de pleurs cette tète adorée,
Triste et malheureux fruit d'une vie égarée.
On eût dit qu'insensible à son propre tourment,
Elle n'avait qu'en lui d'âme et de sentiment.
En la voyant ainsi, le cœur le plus sévère
En faveur de l'amante eût pardonné la mère ;
Mais son front se relève et parait s'éclaircir,
Et j'entendis ces mots de ses lèvres sortir :

    « Le ciel enfin m'est favorable,
    Et voici mon jour triomphant,
    Mais quoi! de ce lieu misérable,
    Sorlirai-je Sans mon enfant?

    Il faut qu'aussi tu lui pardonnes,
    Jésus, dont la bonté m'a lui,
    Car le bonheur que tu me donnes
    Serait-il un bonheur sans lui ?

    S'il n'est pas selon ta justice,
    Digne encor du souverain bien,
    Afin que son tourment finisse,
    Je recommencerai le mien.

    Dans cette région de flamme,
    Ton Évangile nous instruit
    Que, par les souffrances d'une ame,
    On peut sauver celle d'autrui.

    Toi dont l'affliction amère
    Se courbe aux pieds du crucifix,
    Vierge, qui sais comme une mère
    Ressent les douleurs de son fils ;

    Hélas ! du mien qui souffre encore
    Daigne intercéder le pardon !