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121 l'influence des mœurs, des usages, du soleil pour lesquels ils sont faits, au milieu desquels ils sont nés ; mais employés par des mains habiles. En septembre 1838, Pollet se rendit à l'appel des savants réunis à Clermont-Ferrand, et prononça, dans le sein du con- grès scientifique, un petit discours en réponse à ces deux ques- tions : 1° Quelle est l'origine de l'architecture ogivale?... 2° Quel est , du style roman ou du style ogival, celui qui con- vient le mieux à la construction des églises des villes et des cam- pagnes ?... Ce discours, depuis lors imprimé en une minime brochure de 4 pages, produisit quelque effet sur l'auditoire : ses idées ne manquent ni de justesse^ ni même d'originalité; mais le style en paraîtra bizarre et incorrect. Pollet parlait avec facilité , trouvait sans peine l'expression propre et l'expression énergi- que; mais son éducation première avait été trop imparfaite pour qu'il pût jamais devenir écrivain. Cet opuscule est la seule chose imprimée que Pollet ait laissée (1).—Les livres d'un ar- chitecte, ce sont les monuments qu'il a érigés. Il faut bien que j'arrive maintenant à effleurer le plus grand ennemi de P o l l e t , son naturel. Né avec une ame ar- dente, avec une grande franchise, avec un dévouement absolu à l'art, Pollet ne comprit jamais ni la vie réelle, ni la société : dans la première, il apporta trop de haines; dans la seconde , des formes qu'elle n'est pas habituée à recevoir. Il eut une or- ganisation violente, tumultueuse, qu'il ne sut jamais pacifier, et un tempérament artiste dont il ne sut pas régulariser les mouvements. Son cœur, je le crois, a toujours battu haut et fort; mais trop souvent sa tête en amortit ou en dénatura les généreuses pulsations. Il voyait un ennemi dans chaque hom- m e , un empiétement sur ses droits, une violation de son patri- moine dans chaque tâche artistique confiée à d'autres mains (1) Clermont-Ferrand, 1839 ; inip. de Pérol.