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190 pareil? Apaisez vos querelles sanglantes, nettoyez vos turpi- tudes, organisez-vous enfin, puis l'on verra si votre exem- ple est bon à suivre. Jusque là , laissez-nous en repos ; l'A- frique se passera bien de vous. — Le jeune homme ne répondait plus. Subjugué par la pa- role entraînante de Méhémet, et saisi pour son interlocu- teur d'un respect aussi profond qu'involontaire, il admirait cette fière intelligence mesurer ainsi les vaniteuses préten- tions des sociétés modernes, et cette vertu austère dont le regard pénétrait résolument sous l'écorce de nos banalités morales. Ce n'est pas qu'en toute chose il approuvâtle bon vieillard; mais plusieurs côtés de la vie venaient de lui être présentés sous des faces nouvelles. Un vif intérêt succédait à son indifférence pour des questions qui jusqu'alors lui avaient paru sans valeur. Ses anciennes convictions, quoi qu'il fit, se déchiraient en lambeaux. Grandi avec elles, il au- rait voulu les conserver intactes, et ne pouvait cependant résister à la force de quelques vérités inattendues. Que celte critique acérée vint d'un arabe, c'était ce qui l'étonnaitle plus. Sentant la nécessité d'arracher son esprit à un tel dé- sordre et ne pouvant, d'ailleurs, prolonger l'entretien plus long-temps, il se leva, pressa fortement la main contre son front, comme un homme dont le cerveau est fatigué, et s'a- dressant à Méhémet: mon père, dit-il, je dois prendre congé de toi ; mais j'ai besoin de ta sagesse. Permets-moi de re- venir ici pour te voir et t'écouler encore. Ami, répondit le patriarche, il n'y a de sagesse qu'en Dieu. Difficilement pourrons-nous nous revoir, car demain je me di- rigerai vers le désert. Va, hâte toi de rentrer dans l'enceinte de la ville soumise. Surtout, évite le creux des ravins, et mé- fie toi des buissons épais. — Ces paroles étaient à peine prononcées que le galop de plusieurs chevaux se fit entendre. En un clin d'œil dix à douze cavaliers eurent environné les trois personnages de cette scène. Ils se jetèrent en proférant les plus terribles