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92 de l'époque; le savant était l'homme honoré, l'homme saint par dessus tout, l'homme que princes et répu- bliques s'arrachaient à prix d'or, se diputaicnt presque les armes à la main. L'Italie du XV e siècle toute entière retentissait des querelles érudites du pogge, de Manuel Chrysolaras, de Pic de la Mirandole, etc. etc. C'était une efllorescence générale de la littérature et des arts de l'antiquité; les Médicîs à Florence, Nicolas IV, plus tard Léon X à Rome fondaient des académies, s'en- touraient de lettrés et d'artistes et jetaient l'or à pleine main pour récolter de riches moissons intellectuelles. Telle était la situation littéraire de l'Italie quand la^w- rïa francese, bondissant par dessus les Alpes, vint poser un pied à Milan et l'autre à Naples. Il était impossible qu'au contact de cette brillante et savante Italie , notre nation si ductile en quelque sorte, si prompte à s'assimi- ler les éléments étrangers, ne se modifiât notable- ment et dans ses idées et dans sa langue, dans sa littéra- ture enfin. Et c'est ici qu'il nous faut distinguer ce qui nous est venu du dehors de ce qui a son principe au dedans, le mou- vement extérieur du mouvement indigène. Jusqu'à la fin du XIV e siècle la littéraiureestféodalejtouty est empreint de cette fleur de galanterie, de cet esprit chevaleresque nés de l'exaltation des Croisades. On y sent l'enfance ou plutôt l'absence de l'art, et c'est précisément là ce qui fait le char- me de cette littérature. On se prend à regretter la prose enfantine et le récit naïf de Villhartlhouin et de Joinville, la loquacité vive, abondante, colorée de Froissart ; puis on rît aux bonnes saillies d'Ysengra et aux allégories sati- riques du roman de la Rose, Mais que l'on regarde au fond de celte littérature : descriptions, sentiments, sa-