Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                               448
 sophie occupée par un laïque, n'est rien moins que la pro
 clamation de l'indépendance de l'esprit humain !
    Mais il en est peut-être parmi vous qui s'épouvantent peu
 de ces mots d'indépendance et de souveraineté de la raison,
 il en est qui sont disposés à y voir un principe d'impiété
 orgueilleuse et un principe d'anarchie.
    Il me semble que quelques réflexions bien simples doivent
 suffire pour dissiper entièrement ces respectables scrupules.
Il y a quelque chose de profondément religieux et non pas quel-
 que chose d'impie à exalter la raison humaine, car ce n'est pas
l'homme qui a fait sa raison; la raison humaine, telle qu'elle
 est, avec ses procédés, avec ses lois fondamentales, avec ses
 grandes inquiétndes et ses vastes désirs, nous a été donnée par
 celui qui nous a créé. Elever et glorifier la raison humaine,
 c'estdonc élever et glorifier son auteur. Car c'est par la créa-
tion que nous jugeons du créateur, plus la création nous pa-
raît grande et plus nous nous faisons une haute idée du créa-
teur. Au contraire, rabaisser systématiquement l'autorité de
la raison humaine, la frapper d'interdit, la déclarer suspecte
dans tous ses témoignages, n'est-ce pas, autant qu'il est en
nous, mettre en doute la sagesse et la puissance de celui qui
l'a donnée à l'espèce humaine? L'indépendance et la souverai-
neté de la raison humaine n'est pas plus un principe d'a-
narchie qu'un principe d'impiété. Reconnaître la souverai-
neté de la raison, ce n'est pas, comme on l'a dit, reconnaître
autant de souverains que d'individus et proclamer en méta-
physique une anarchie qui ne doit pas tarder à se manifester
dans l'ordre social par de déplorables catastrophes. Cette rai-
son dont nous proclamons la souveraineté, ne varie pas d'in-
dividu à individu, n'appartient pas à celui-ci plutôt qu'à celui-
là, elle est ce qu'il y a de commun entre toutes les intelligences
et c'est à cause de cette universalité que nous pouvons lui don-
ner le nom général de la raison humaine. Loin donc que la