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359 par Tetzel. Ce Tclzel avait une intelligence bornée, une ima- gination tourmentée par des scrupules continuels, une croyance sans bornes, mais aussi sans discernement. Il parcourut l'Al- lemagne, prêchant dans les rues, et menaçant de la colère du Seigneur ceux qui nieraient les pouvoirs de Rome. Il était accompagné de frère Bartholomée qui vendait les cédules toutes signées. Il y avait, outre les indulgences, des dispenses de mariage aux degrés prohibés, d'abstinence et de carême. C'était un scandale (risle pour les âmes pieuses. Luther indigné écrit d'abord à l'évêque de Misnie une lettre pleine de douleur et de colère, le suppliant de rappeler Tetzel, de mettre un terme à ces profanations maladroites. La réponse se faisait attendre. Le fougueux Saxon s'irrite, s'élance dans l'église de Wiltemberg et fulmine son fameux sermon sur les indulgences, écho des derniers cris de Jean Huss et de Wiclef mourant pour la domination absolue de la raison ; cette vio- lente diatribe se résume toute entière dans ces deux propo- sitions : 14 e . L'indulgence, au lieu de prêcher l'expiation, laisse le chrétien danslafange du péché. Si l'on ne doit rien dire con- tre l'indulgence, il ne faut pas non plus en prôner l'effi- cacité. 15 e . Donne, si tu as de reste, au nom du Seigneur, pour l'édification dg, Saint-Pierre-de-Rome ; mais n'achète pas de pardons. La guerre était commencée : l'opinion publique, puissance qui naissait à peine, les adopte avec enthousiasme. L'Univer- sité, le peuple, les moines, que la découverte de l'imprimerie laisse inoccupés dans leurs couvents, se groupent derrière Luther. Le voilà devenu en peu de temps le pape de l'Alle- m a g n e ; il s'effraye lui-môme de sa révolte ; le trouble le sai- sit, et tremblant il écrit à l'archevêque de Mayence une lettre pleine d'humilité, qui nous paraît peu sincère. Le germe de ses doctrines s'y retrouve habilement dissimulé. « Pardonnez-moi, père vénérable en Jésus,père très illustre,