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S56 dans les philosophes anciens. La mort d'un ami d'enfance et qui fut frappé de la foudre sous ses yeux, le jeta dans la vie monastique. De ce jour il abandonna tous les livres anciens et se relira au couvent des Auguslins pour s'absorber dans la science du salut. Là son zèle fut rais à de rudes épreuves : « Si jamais, disait- il , frère augustin monta droit au ciel, en s'élançant des murs d'un abbaye, je mérite d'y entrer. Tous mes frères peuvent me rendre ce témoignage: je travaillais, je jeûnais, je veillais, je me mortifiais, et je pratiquais les rigueurs cénobiliqnes jusqu'à altérer ma santé : ce ne sont pas mes ennemis qui ajouteront foi à mon récit, ceux qui ne par- lent que des douceurs do la vie claustrale et qui n'ont ja- mais aucune tentation spirituelle (1). » En 1506, il prononça ses vœux : la prêtrise lui fut accordée la même année ; sa première messe fut solennelle : « c'est aujourd'hui, écrivait-il à Johan Braun d'Eisenach, que je dirai ma première messe; viens-y. Pauvre jeune homme, indigne pécheur, Dieu dans ses trésors de miséricorde a daigné m'ap- peler à son service. Je lâcherai de me rendre digne de sa bonté, et, autant qu'il est possible à de la poussière comme moi d'accomplir ses desseins. Priez pour moi, mon cher Braun, que mon sacrifice soit agréable aux yeux du Seigneur (2). » Quelle différence des paroles austères et humiliées de ce temps-là , de cette lièvre de dévotion qui le poussait aux plus rigoureuses pratiques, de celte perpétuelle défiance de lui- même qui le tenait, durant des nuits entières, en oraison aux pieds de son lit, à l'orgueil de l'hérétique, brisant du même coup l'autorité et la tradition, et, par une conséquence extrê- me et fatale, les remplaçant toutes deux parle seul empire de la raison humaine ! Lulher prêtre ne tarda pas à être docteur. Appelé à la (1) Malhesius in vilà Lulberi. (2) nid. cité par Audi», p. S9.