page suivante »
357 chaire de philosophie do Witlembcrg par Slaupilz, vicaire gé- néral des Auguslins, il attaqua par une parole brillante l'en- seignement sévère de la scholastique : sa renommée s'ac- crut ; le sénat de la ville voulut avoir pour prédicateur le professeur de l'Université, Il eut alors à son service le plus essentiel élément de toute réputation et de toute révolte, la parole, le levier qui soulève les idées et les nations. La soli- tude du cloître préparait son travail ; l'action de l'enseigne- ment lui faisait une savante théorie pour la jeunesse ; et la prédication de l'Evangile le rapprochait du peuple. C'est par la jeunesse que se conçoivent toutes les grandes choses nouvel- les, c'est par le peuple qu'elles s'opèrent ; et la jeunesse et le peuple devenaient ainsi des complices de tous les jours. Le 18 octobre 1512, Luther fut reçu docteur, et, en 1516, il partit pour Rome, après quatre ans d'enseignement et de prédication, et de luttes éternelles dans lesquelles son esprit orgueilleux apprenait à combattre et à douter. Le voyage de Rome fit du mal à sa croyance. Il ne vit que scandale et pro- fanation payenne ; il eut sous les yeux toutes les splendeurs du culte calholique, mais il chercha inutilement la religion et la morale de Jésus-Christ. Il fut frappé de la décadence spi- rituelle ; à chaque pas il rencontra des moines buvant dans des cabarets, avec toute la jovialité italienne, un pape guer- rier, Jules II, combattant pour agrandir son r o y a u m e , des saints et des madones adorés et invoqués par les passions et non p a r l a piété ; aussi avec quelle colère il s'écrie : « Mi- sérables, misérables qui craignent beaucoup plus saint Antoine ou saint Sébastien que notre seigneur Jésus-Christ ; gens sans Dieu qui ne croient pas à la résurrection du corps, à l'éternité, qui ne redoulent que les maux de celte vie. * La civilisaliori italienne, toute extérieure comme la civilisation grecque à une autre époque, touchait à son règne le plus glorieux ; mais ce qu'elle gagnait en splendeur, elle le perdait en moralité ; l'empire spirituel du pape était devenu un empire temporel ; les couvents et les cvêchés^ pourvus de riches dotalilés, les