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  dignalion généreuse dans le principe, mais qui s'aveugla
  par le succès.
     Telles étaient les idées et les événements au milieu des
  quels grandit Luther. Son éducation si pauvre, les prélu-
  des de sa vie si laborieuse, le façonnèrent de bonne heure
 pour la lutte. Né à Eisleben, en 1483, de Hans Luther, pau-
 vre paysan du petit village de Mœhra dans la haute Saxe,
 et de Marguerite, fille d'un bourgeois d'Eisenach, en l'année
 même où Savonarole commença ses prédictions à Florence; il
 quitta à l'âge de quatorze ans la maison paternelle, pour al-
 ler fréquenter les Curren-schule, écoles célèbres de Magde-
 bourg. Les enfants qui étaient élevés n'avaient pour payer
 leur nourriture et leur éducation que le produit de chansons
 qu'ils allaient réciter deux fois par semaine sous les fenê-
 tres des riches. Celte ressource leur manqua bien vite. Il
 prit le bâton du pèlerin et alla jusqu'à Eisenach. Une hos-
 pitalité bienveillante l'accueillit dans la maison d'une veuve
 charitable: elle lui acheta une guitare el une flûte, et com-
me il aimait passionnément la musique, il sut bientôt, sans
 maître., jouer assez habilement ponr accompagner sa voix,
qui était fort belle. (1) Il se livra en même temps à l'étude
de la grammaire et de l'éloquence, et fut bien vite remar-
quable par sa facilité d'improvisation. L'université d'Erfurth
l'accueillit ensuite ; il puisa dans les leçons des maîtres et
dans la bible, que l'invention de Guttemberg commençait à
répandre une connaissance approfondie des textes sacrés.
Plus lard, il devait en faire le principe de toute discussion ;
mais alors il n'élait pas décidé dans le critérium de sa théo-
logie nouvelle. Il cherchait encore les éléments de la science

   (1) Durant toute sa vie, Luther a eu comme la plupart des natures poé-
tiques et spontaaces un grand amour pour la musique. Il lui consacrait tous
ses loisirs: il publiait des cantiques donl il improvisait à la fois l'air et tes
paroles. Nous donnerons, dans la seconde portion de ce travail entre plu-
sieurs poésies de lui qui u'orit jamais été traduites une pièce intitulée : Frau
Musica [Dame Musique), dans laquelle il chante ses charmes el son influence