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354 site d'une réforme. Depuis long-temps, la Rome chrétienne scandalisait les grands poètes, et les chrétiens étaient les premiers à invoquer contre elle la vengeance céleste. Dante et Pétrarque avaient énergiquement signalé la corruption de la cour de Rome et de celle d'Avignon. Le premier, dans le discours de Saint-Pierre (Paradis XVII), s'exprima par ces fortes paroles « Celui qui, sur la terre, usurpe ma place, ma place,dis-je, vacante en la présence du fils de Dieu, a fait de mon cimetière un cloaque de sang et de souillure, de sorte que l'esprit pervers précipité du haut des cieux se complaît là -bas (1). » Il était difficile de blâmer avec plus de violence Boniface VIII, Clément V et Jean XXII. Pétrarque n'est pas moins amer dans des églogues; il attaque d'abord sous le voile allégori- que Clément VI et les cardinaux, mais bientôt après, il re- jette tout ménagement dans ses sonnets XCI. CV. CVI. CVII; il appelle la cour pontificale l'avare, l'impie Babylone, qui a comblé la mesure du courroux divin ; temple de l'hérésie, nid de trahison, école d'erreur, elle se livre à tous les vices, à livresse, à la débauche; Belzébulh préside même à ses fêtes voluptueuses. Ces vers écrits par un chanoine, attaché à l'évêque de Lombez et au cardinal Colonna, étaient deve- nus populaires et se chantaient dans toute l'Italie. Quant à Boccace, spirituel et malin conteur, très-insouciant dans sa croyance, mais très amoureux, il portait une main sacrilège sur les choses saintes du cœur comme sur les choses saintes de l'Eglise. La papauté étant venue à ce degré d'abaissement, une ré- forme était imminente. Elle fut entreprise en Italie par les plus zélés catholiques, à l'aide de doctrines sévères pour les papes eux-mêmes-, en Allemagne, par Luther avec cette in- (1) Delécluze et W. Sclilegel sur le livre de M. Kavelti, sullo spirito aniié papale che produsse la Riforma. Ozanam, de la Philosophie du Banle, au cha- pitre intitulé de son orthodoxie, pag. 260 et suiv.