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 plus une autorité infaillible, dût-elle s'appuyer sur la divinité
de son origine. La pensée humaine est aussi fille de Dieu ; elle
se choisira elle-même les routes qu'elle voudra parcourir.
   Toutefois, Léon X n'eut pas conscience de cette immense
révolution qu'il préparait. Il travailla toute sa vie avec une
égale persévérance à entasser les matériaux de la réforme en
négligeant l'éducation morale, et en patronant le développe-
ment trop matériel des beaux-arts. L'instant approchait où
l'ouvrier n'aurait qu'à mettre la main à celte œuvre de des-
truction, laborieusement préparée par une sollicitude mal-
adroite.
   La littérature et l'art, suscités par son artiste volonté, se
produisirent sous l'influence des anciennes idées du paga-
nisme. Dans le principe, les peintres et les statuaires n'étaient
animés que du souffle de la religion. Le type amaigri et sé-
vère des Vierges de Daccio et de Cimabue personnifiait la
croyance ascétique et la vie austère. La foi primitive condam-
nait les œuvres des premiers peintres à une divine et obscure
enfance. Les grands crucifix sanglants, les fresques colossales
du Xe siècle, les madones byzantines toujours en adoration,
le cimetière des Pisans et l'église de St-François-d'Assises
portaient à la fois le cachet de l'art et d'une croyance immo-
bile. Mais l'art marche fraternellement à côté de l'esprit hu-
main qui s'émancipe. Les Vierges sur fond d'azur, enluminées
d'or et rayonnantes de chasteté, font place à des peintures
plus profanes. Titien se lève, qui décore le palais des doges ;
et enfin Raphaël et Michel-Ange, le peintre gracieux et doux
de l'Evangile, le peintre rigoureux de la Bible, envahissent le
Vatican, et plantent au sein de la Rome catholique l'étendard
de la forme payenne (1).
  Chacun d'eux suit une route différente, et ils arrivent tous

   (1) Voir les lomesIII et IV de Giorgio Vasari, nouvelle traduction accom-
pagnée de notes et de remarques; Paris, JustTessier, 1838-59. Une apprécia-
tion très habile de Raphaël et de Michel Ange établit la décroissance de la
peinture religieuse en même temps que celle de la foi.