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 Cet enthousiasme des prisonniers, eut au dehors du reten-
tissement. Tout Rome voulut aller voir la vierge en pri-
 son, et le cardinal François Barberini, grand amateur et
protecteur zélé de beaux arts, y courut l'un des premiers.
A dater de ce jour une lampe fut allumée devant ce ta-
bleau au charbon, et la prison fut changée en une chapelle
dévotement servie par les prisonniers, qui allaient y faire
leurs prières. Ceux qui connaissent le caractère italien ne
seront pas étonnés de cette dévotion pour une image; mais
il fallait pourtant que celte image fût bien belle pour l'ex-
citer à ce point.
    Stella, par la protection du Cardinal Barberini, reconnu
 innocent des faits odieux qu'on lui imputait, fut immédiate-
 ment mis en liberté ; et ses accusateurs, convaincus de
fausseté, furent publiquement fouettés par les rues. Stella,
 craignant de nouveau la vengeance des Italiens, voulut quit-
 ter Rome. Le fameux maréchal Créqui, ambassadeur de
France, et connu par son goût pour ces tableaux des grands
maîtres, était, en 1634, sur le point de revenir à Paris.
Stella se plaça sous son patronage et se mit en route avec
lui. Arrivé à Milan, le cardinal Albarnos voulut l'y fixer
en le faisant nommer directeur de l'Académie de peinture
de cette ville. Mais Stella refusa, il se rappelait les belles
offres que lui avait faites le roi d'Espagne, il tenait à se ren-
dre à Madrid. Le cardinal Albanos, ne pouvant le retenir,
lui fit don d'une chaîne en or.
   Arrivé à Paris, Stella fut présenté aux personnages les plus
élevés, et il fut accueilli par tous avec distinction. Un jour
qu'il était dans son atelier, occupé à peindre un portrait
pour l'archevêque de Paris, François de Gondi, il fut bien
surpris de voir entrer une jeune femme qui se jeta dans
ses bras. Cette femme était Louise. Louise avait quitté
Rome, l'Italie, pour suivre les traces de Stella ; elle l'aurait
suivi jusqu'au bout du monde. A Paris, Louise avait cherché
la retraite de Stella; et, persuadée qu'elle était toujours ai