Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                                238
ques-uns sont poètes, mais poètes presque pour eux-mêmes.
Reboul nous lui un jour une ballade d'un de ses a m i s , qui
a chanté le Coquelicot en -vers spirituels. Il nous récita la
Jeune Grecque, gracieux poème élégiaque, avec plus d'ame
qu'il en eût mis à réciter de ses vers ; nous avons encore
bien présente à l'esprit sa diction lente et sentie, nous voyons
son bras un peu étendu, sa main fermée à l'exception de l'index
qui suit la pensée du vers, quand Reboul lit quelque chose,
puis son œil qui se relève quelquefois là dessus.
   Il nous reste maintenant quelques mots à dire sur la vie
du poète. Sou père était un honnête s e r r u r i e r , qu'une
lente et pénible maladie usa insensiblement, comme nous
l'a dit le fils. Ce fut à l'institution R.eumond que le jeune
Reboul alla chercher ce qu'il lui fallait de science pour
quelque état manuel ; on enseignait, dans celle institution,
ce qui s'apprend aujourd'hui dans nos écoles primaires de
premier ordre. Il mordit quelque peu au latin, nous assure-
t-on.
   A l'âge de quatorze ans, Reboul fut mis en apprentissage
chez un boulanger. Il y était à peine enlré, que le débarque-
ment de Napoléon à Cannes vint mettre en émoi toute la ville
de Nîmes. Le duc d'Aiigoulême p a r u t ; une armée de volon-
taires royaux fut improvisée. Le jeune Reboul ne résiste pas
à l'entraînement général. Il sort de sa boutique, et part, lais-
sant à son père le soin d'indemniser du prix et du temps con-
venus pour son apprentissage le maître boulanger.
   De retour à Nîmes, Reboul fut employé quelque temps
à des transcriptions chez un avoué, mais ce métier de co-
piste ne pouvait pas lui assurer un avenir, et de plus ne
devait guère aller à une ame ardente. Son père lui fit r e -
prendre l'état de boulanger.
   M. Reboul fut marié de bonne heure, et perdit cette p r e -
mière femme. Une seconde union fut aussi malheureuse
que celle-là, et la maison du poêle vit un deuil nouveau.
   Dès l'année 1820, M. Reboul était membre d'un cercle