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237 Il en est d'autres, les collecteurs d'autographes, qui lui écrivent b r a v e m e n t , à cette fin d'avoir une réponse, et de coucher dans leurs portefeuilles l'écriture du poète boulan- ger. Combien la célébrité doit lui être à charge, en face de telles exigences, où sa vie presque entière s'userait ! Au mois d'avril dernier , M. Reboul voulut voir Paris qu'il n'avait point vu encore, et aller prendre chez eux, com- me ils étaient venus le prendre chez lui, les amis de son talent et de sa personne. Pour qui vécut toujours dans l'hum- ble coin de sa province, dans son nid natal, c'est une grande af- faire que le voyage de Paris. Combien de choses l'imagination s'est figurées et embellies à l'avance ! Combien de r ê v e s , de splendeurs idéales ! Mais aussi quelle mécompte sou- vent en face des hommes que l'on ne trouve point à la hau- teur où l'esprit s'était plu à les élever ! Quelle déception en face des choses que l'on trouve si mesquines, quand on les c o m - pare à ce qu'on en avait ouï dire et à ce qu'on avait lu sur leurs merveilles ! alors c'est une suprise et un vide que rien n'é- gale, un pénible retour vers tant d'illusions trompées. M. Reboul était descendu à Lyon, et avait admiré l'opu- lente splendeur de notre ville, la beauté de nos quais et la magnificence de nos horizons fuyants. Le bruit de la cité le préparait aux immenses rumeurs de Paris, et Paris, sans doute, l'a étonné, mais il en est revenu avec un peu de ce dé- senchantement que nous autres, gens de la province, nous rapportons plus ou moins de la capitale. Ce n'est pas que Re- boul n'y ait trouvé bien des visages a m i s ; Chateaubriand et Lamartine l'ont constamment accueilli avec une cordialité simple et franche ; il a vécu au milieu des écrivains et des artistes ; il a paru dans les salons les plus distingués, mais il n'en est pas moins retourné avec bonheur às a laborieuse existence et à ses vieilles habitudes. M. Reboul mène une vie retirée et s'est fait une loi de ne pas accepter d'invita- tions-, il est connu et aimé; il a dans son intimité des hommes du barreau, des ecclésiastiques, des jeunes gens dont quel-