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   Il en est d'autres, les collecteurs d'autographes, qui lui
écrivent b r a v e m e n t , à cette fin d'avoir une réponse, et de
coucher dans leurs portefeuilles l'écriture du poète boulan-
ger. Combien la célébrité doit lui être à charge, en face
de telles exigences, où sa vie presque entière s'userait !
    Au mois d'avril dernier , M. Reboul voulut voir Paris
qu'il n'avait point vu encore, et aller prendre chez eux, com-
me ils étaient venus le prendre chez lui, les amis de son
talent et de sa personne. Pour qui vécut toujours dans l'hum-
ble coin de sa province, dans son nid natal, c'est une grande af-
faire que le voyage de Paris. Combien de choses l'imagination
s'est figurées et embellies à l'avance ! Combien de r ê v e s ,
de splendeurs idéales ! Mais aussi quelle mécompte sou-
vent en face des hommes que l'on ne trouve point à la hau-
teur où l'esprit s'était plu à les élever ! Quelle déception en face
des choses que l'on trouve si mesquines, quand on les c o m -
pare à ce qu'on en avait ouï dire et à ce qu'on avait lu sur leurs
merveilles ! alors c'est une suprise et un vide que rien n'é-
gale, un pénible retour vers tant d'illusions trompées.
   M. Reboul était descendu à Lyon, et avait admiré l'opu-
lente splendeur de notre ville, la beauté de nos quais et la
magnificence de nos horizons fuyants. Le bruit de la cité
le préparait aux immenses rumeurs de Paris, et Paris, sans
doute, l'a étonné, mais il en est revenu avec un peu de ce dé-
senchantement que nous autres, gens de la province, nous
rapportons plus ou moins de la capitale. Ce n'est pas que Re-
boul n'y ait trouvé bien des visages a m i s ; Chateaubriand
et Lamartine l'ont constamment accueilli avec une cordialité
simple et franche ; il a vécu au milieu des écrivains et des
artistes ; il a paru dans les salons les plus distingués, mais il
n'en est pas moins retourné avec bonheur à s a laborieuse
existence et à ses vieilles habitudes. M. Reboul mène une
vie retirée et s'est fait une loi de ne pas accepter d'invita-
tions-, il est connu et aimé; il a dans son intimité des hommes
du barreau, des ecclésiastiques, des jeunes gens dont quel-