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222 sont comme une ombre au tableau, le reste nous captive par de grandes beautés. La Consolation sur POw&Zi, l'ode au Christ, la Lampe de nuit, le Château du Mendiant, la Barque du Pécheur, voilà des morceaux de premier ordre. L'Ode à M. l'abbé de La Mennais est un bel hommage rendu au génie du grand écrivain, et un engagement à abdiquer une raison sublime, à imiter l'humble docilité de Fénélon. M. Re- boul n'a pas seulement ici le mérite d'avoir écrit de magnifi- ques strophes dans lesquelles circulent des pensées élevées et généreuses, il a celui encore de s'être présenté avec conve- nance et dignité devant un homme que tant d'autres ont eu le malheur et le triste courage d'injurier de leurs plates ho- mélies. Redescendu des hautes régions poétiques, M. Reboul se livre à une causerie familière avec un de ses fidèles amis, M. Paul Chastan, et essaie, dans la pièce intitulée : Le Moulin de Genèse, un genre purement descriptif. C'est une heureuse tentative qui fit jeter les hauts cris à beaucoup de Mmois, car l'instinct poétique, si vif et si profond dans les âmes mé- ridionales, ne s'accommodait guères de ce style qui décrit chaque objef, chaque couleur, chaque son, avec une fidélité d'anatomiste^ et sacrifie l'esprit à la matière. On eût pu néan- moins pardonner à M. Reboul cette excursion dans un genre qui n'est pas proprement le sien. Il faut remarquer encore ses odes à deux peintres de Nîmes, Sigalon et Colin : celui-là , passionné copiste de Michel-Ange, et mourant sous le ciel du grand maître, sans que les vœux du poète qui le suivaient à travers les flots comme ceux d'Horace accompagnaient le doux Virgile, aient pu le sauver de la mort; celui-ci mettant une saisissante et forte couleur dans l'ébauche de deux tètes de bohémiennes. Le volumQ n'a rien d'aussi élevé que la pièce sur TNîmes, otla patrie a puissament inspiré M. Reboul. Ce large début : Poète au regard d'aigle, Horschell harmonieux, ele,