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mais il ne le cède à personne pour les transports naturels
de libre et indépendante imagination (1).
Chez nous., l'avènement des poètes, non point of Ihe rus-
tic school, comme chez les anglais, mais des poètes prolé-
taires, ne date véritablement que du XIXe siècle. Nous avons
eu un vitrier d'abord, l'auteur d'une tragédie de Philippe II,
J.-B. Daumier. La ville de Rouen a entendu les premiers
vers d'un potier sur élain, M. Beuzeville, et ceux d'un ou-
vrier iudienneur, M. Théodore Lebreton, dont il existe main-
tenant un gracieux volume, les Heures de repos d'un ouvrier.
J.-C. Jouvenot, ancien artisan serrurier, a donné deux vo-
lumes tant de poèmes que de comédies et de tragédies.
M. Durand, menuisier de Fontainebleau^ a écrit un poème
sur la forôtde ce nom.
Les Recueillements poétiques de M. de Lamartine contien-
nent, parmi les plus belles compositions, une pièce adressée
à une jeune lingère de Dijon, MUe Antoinette Quarré, laquelle
a publié quelques remarquables fragments. Un des meilleurs,
c'est assurément la réponse anx vers de M. de Lamartine ;
nous la citerons en entier.
Oh! qui m'eût dit jamais, quand de tes chants ravie,
Recueillant tous les sons de ce luth immortel,
De mon cœur qu'enivrait la sainte poésie,
A ton harmonieux et sublime génie
.l'avais fait un autel ;
Quand, au sein de ce monde, où le malheur isole,
l'on livre, confident de mes chagrins divers,
Etait pour moi l'ami dont la tendre parole
A toutes nos douleurs se mêle et nous console
Des jours les plus amers ;
Quand tes hymnes aimés, que notre orgueil répète,
A tous les cœurs prêtant de sublimes accords,
(•!) Allan Gunuingliani, ibld. pag. 75,