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tire piquante, observation ingénieuse ; voilà tout ce que
vous pouvez demander au Lon et naïf chroniqueur, au
gentil et malin poète ; mais point de vues d'ensemble,
point d'idées générales, point d'avenir.
   La féodalité s'en allait pièce à pièce, dépouillée de ses
prestiges et sapée par la royauté bourgeoise, héritière de
Philippe-le-Bel. Déjà, du temps de Froissart, la chevale-
rie n'était qu'une parodie, qu'une imitation, un non
sens. On le sent bien à l'ardeur et au zèle du pauvre
chroniqueur pour ranimer le goût des belles emprises
et des merveilleux tournois; maintefois on le surprend à
les regretter comme une chose qui s'en va. La féodalité
morte, c'en est fait de la littérature féodale et aristocra-
tique. Elle a sou dernier écho dans les poésies de Char-
les d'Orléans qui sont en même temps le premier mo-
nument de la véritable langue littéraire.
   Est-ce à dire que la littérature indigène est morte et que
l'esprit français attend, pour se produire de nouveau, ce
que l'on a appelé la renaissance des lettres. Non, entre
l'élément féodal et l'élément antique, vit ce que l'on
pourrait appeler l'élément bourgeois , l'élément vrai-
ment français qui se personnifie dans Villon, dans Com-
mines, dans le canevas primitif de la farce de l'avocat
Patelin. Villon, c'est le véritable gamin de Paris, \s pro-
lotype de cet esprit français, fin, matois, jovial, essentielle-
ment satirique, qui se perpétue par succession dans
Rabelais, la satire Menippée, Régnier, Boileau et dont
Voltaire est peut-être l'héritier le plus légitime.
   A côté de cette littérature railleuse et légère nous
trouvons, au commencement du siècle, les graves et doc-
tes discours de Jean Gerson; à la fin, Commines qui
nous initie à la prose sérieuse, qui le premier par la