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 alla aux voix sur l'objet de ccLle délibération. Or, il s'agissait
 de savoir quel dieu les Romains adoreraient, le Christ ou
 Jupiter. La majorité du sénat condamna Jupiter, disent M. de
Châteaubriand(l) et Gibbon (2). Il est aisé de montrer, comme
l'a fait M.Beugnot(3), que tout, dans cette supposition, est dé-
 nué de vraisemblance. Théodose, chrétien rempli de foi et de
zèle, ne pouvait pas soumettre à un corps politique la solution
d'une question résolue par Constantin. Le récit de Prudence
est donc une pure supposition autorisée par les habitudes de
la poésie, mais qu'il faut bien se garder d'élever au rang des
preuves historiques. Ces observations toutefois n'infirment en
rien ce que nous avons dit des beautés littéraires.
    Les poèmes lyriques de Prudence forment deux collections ;
l'une, intitulée : Ka0»fi*/iivMv liber, contient douze hymnes pour
les différentes parties du jour, et pour certaines solennités ;
l'autre : llspi 2TS?«VMV, renferme quatorze hymnes en l'hon-
neur d'autant de martyrs. Les hymnes de Prudence ne ressem-
blent point à celles que divers auteurs ont composées pour les
églises. Celles-ci ne renferment d'ordinaire qu'une réflexion
utile, un affectueux et tendre sentiment sur les mystères et
sur les saints ; bornées à quelques strophes, et renfermées en
quelques petits vers, elles ne donnent pas plus l'idée du per-
sonnage que du mystère. Je les admire comme des chefs-
d'œuvre de concision et de brièveté ; mais ces chefs-d'œuvres
ont, selon moi, un grand tort, celui de ne parler guère plus à
l'ame qu'à l'esprit du lecteur. Ce genre de composition a-t-il
des règles ? — Il ne s'en trouve pas dans les livres didactiques;
mais si les auteurs ont prétendu donner des modèles, ils me
semblent avoir manqué leur but, qui devait être d'intéresser,
d'instruire et de toucher.
   Ce n'est pas ainsi que Prudence avait compris les hymnes;


  (1) Chateaubriand, Eludes hist., t. n, p, 202.
  [fy Gibbon, Hist. de la décadence, etc., t. v, p. 5 i 6 ,
  (3) Hist. de la destruction du Paganisme, etc., t. i, p. 4Si.