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59 alla aux voix sur l'objet de ccLle délibération. Or, il s'agissait de savoir quel dieu les Romains adoreraient, le Christ ou Jupiter. La majorité du sénat condamna Jupiter, disent M. de Châteaubriand(l) et Gibbon (2). Il est aisé de montrer, comme l'a fait M.Beugnot(3), que tout, dans cette supposition, est dé- nué de vraisemblance. Théodose, chrétien rempli de foi et de zèle, ne pouvait pas soumettre à un corps politique la solution d'une question résolue par Constantin. Le récit de Prudence est donc une pure supposition autorisée par les habitudes de la poésie, mais qu'il faut bien se garder d'élever au rang des preuves historiques. Ces observations toutefois n'infirment en rien ce que nous avons dit des beautés littéraires. Les poèmes lyriques de Prudence forment deux collections ; l'une, intitulée : Ka0»fi*/iivMv liber, contient douze hymnes pour les différentes parties du jour, et pour certaines solennités ; l'autre : llspi 2TS?«VMV, renferme quatorze hymnes en l'hon- neur d'autant de martyrs. Les hymnes de Prudence ne ressem- blent point à celles que divers auteurs ont composées pour les églises. Celles-ci ne renferment d'ordinaire qu'une réflexion utile, un affectueux et tendre sentiment sur les mystères et sur les saints ; bornées à quelques strophes, et renfermées en quelques petits vers, elles ne donnent pas plus l'idée du per- sonnage que du mystère. Je les admire comme des chefs- d'œuvre de concision et de brièveté ; mais ces chefs-d'œuvres ont, selon moi, un grand tort, celui de ne parler guère plus à l'ame qu'à l'esprit du lecteur. Ce genre de composition a-t-il des règles ? — Il ne s'en trouve pas dans les livres didactiques; mais si les auteurs ont prétendu donner des modèles, ils me semblent avoir manqué leur but, qui devait être d'intéresser, d'instruire et de toucher. Ce n'est pas ainsi que Prudence avait compris les hymnes; (1) Chateaubriand, Eludes hist., t. n, p, 202. [fy Gibbon, Hist. de la décadence, etc., t. v, p. 5 i 6 , (3) Hist. de la destruction du Paganisme, etc., t. i, p. 4Si.