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 telle n'est pas la forme qu'il avait adoptée. Ses hymnes à lui
 ne sont qu'une explication d'un mystère ou d'une cérémonie,
un attachant tableau des travaux d'un apôtre, des tourments
d'un martyr, du sacrifice qu'une vierge chrétienne faisait de sa
vie à son devoir ; mais elles avaient, ces hymnes, une étendue
qui promettait au lecteur et des leçons et du plaisir (1).
L'hymne de Prudence nous rappelle l'hymne antique, avec ses
formes larges et ses récits détaillés. Seulement il y a ici de
plus que là un charme de vérité et de grandeur que ne pou-
vaient avoir ni les chants d'Homère, ni ceux de Callimaque.
Lisez, par exemple, le martyre de saint Romanus, drame vé-
ritable, qui n'a pas moins de onze cent quarante vers. Toute
la manière de Prudence s'y trouve en relief ; c'est la narration,
c'est le dialogue, c'est le discours, c'est la prière, et combien
cela diffère de tant de maigres conceptions destinées au même
usage ! Nous traduirons l'hymne IVe des Couronnes, et l'on
pourra mieux; alors, même à travers le voile d'une traduction,
juger le poète chrétien.

                             HYMNE

     EN i/lIONNEUR DES XVIII MARTYRS DE CiESAR-AUGUSTA.

   « Notre peuple conserve, renfermées dans une même
tombe, les cendres des dix-huit martyrs. Nous appelons
Caesar-Augusla la ville qui possède un si riche trésor.
   « La cité remplie de ces nobles anges n'appréhende pas la
ruine d'un monde caduc, elle qui porte dans son sein tant de
présents qu'elle offrira tous à la fois au Christ.
   « Lorsque Dieu, agitant sa droite flamboyante, et assis
sur des nuages embrasés, viendra peser dans sa juste ba-
lance toutes les nations ;
   « Alors, chaque cité, levant la tète, se hâtera, de chaque
partie du vaste globe, d'aller au devant du Christ, et, dans des
corbeilles, lui offrira de précieux dons.

  (1) L'abbé Souquet de Lalour, Préface de la Chrisdade de Vida, p. xxsw.