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temps pour vaincre les résistances locales que cette traite ren-
contrait, bien du temps encore pour que ces achats, faits à très
haut prix, en concurrence avec ceux du commerce, et dont la
précipitation accroissait encore la cherté d e l à m a r c h a n d i s e ,
pussent venir approvisionner la Grenelte. Le plus souvent, ils
n'arrivaient que quand le blé commençait à baisser par la mar-
che naturelle des choses. Alors on avait autant de peine à se
débarrasser de la d e n r é e , même avec une perte i m m e n s e ,
qu'on en avait eu à la faire venir.
   Une de ces crises eut lieu sous l'administration de De La Font.
Malgré ses exhortations, soutenus par les avis de l'archevêque,
l'Abondance n'avait fait que des achats insuffisants, qui, à la
première augmentation, furent bientôt écoulés. L'année 1698
fut très mauvaise ; le manque presque absolu des blés se joi-
gnait à une crise commerciale occasionnée par les malheurs
de la guerre et la persécution religieuse. Le jour de la fête de
la Sainte-Trinité, il y eut une émeute sérieuse, pendant la-
quelle le prévôt des marchands fut m a l t r a i t é , et l'intendant
assiégé à coup de pierres dans son hôtel. L'archevêque, quoique
malade, vint de Neuville pour apaiser les troubles; cet effort lui
coûta la vie. Mais on reconnut alors que la ville était tout-àfait
menacée de manquer de pain. On résolut de faire des achats
d'urgence dans la Provence, et De La Font fut nommé com-
missaire pour les effectuer. Le récit de son voyage et du suc-
cès partiel de sa commission, signale, en M. De la F o n t , le
négociant apportant dans les affaires publiques la même habi-
leté que dans ses affaires privées, mais dévoile en même temps
les obstacles qu'une égoïste stupidité lui suscitait.
   En 1694, MalhieuDe L a F o n t entra comme recteur au bureau
de l'Hôtel-Dieu. Celte maison était dans un état extrêmement
critique ; la disette, la cessation de travail ayant produit tant
de maladies, que dans une seule année, il entra à l'hôpital près
de 18,000 personnes, dont 2685 moururent. Le nombre des en.
fants exposés fut de 1711. De l'entassement de tant de person-
nes et de l'insuffisance de soins, il était résulté une mortalité