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44 qui atteignit jusqu'aux recteurs, obligés par les règlements de faire une visite quotidienne dans les rangs. Trois d'entre eux , MM. de Jussieu, Brossard et Maure périrent; quatre autres, et De La Font lui-même, furent à l'extrémité. « Jamais , dit De « La Font, on n'avait vu l'hôpital en cet état. J'avais fait dresser « à terre, sur des tréteaux, le long des r a n g s , des lits où « l'on voyait quatre corps en chacun... En suivant les rangs « je voyais à mes pieds un qui était agonisant, de l'autre côté « un autre qui se plaignait; et en suivant, je complais d e u x , « trois et quatre morls étendus sur le lit, ou que l'on envelop- « pait dans leurs suaires... » L'hôpital avait été autorisé par le Consulat à faire exécuter certains travaux pour canaliser le Rhône au devant de la maison, mais dont l'objet principal était de procurer du pain aux ouvriers sans travail. Telle était la mi- sère du temps, que le premier jour de ce travail, à midi, comme on fut surpris que les ouvriers n'allaient pas dîner , on apprit qu'ils étaient encoreà jeun, faute d'argentpour acheter du pain. On fut oblige de leur payer la demi journée, et ils se précipi- tèrent aussitôt chez les boulangers pour assouvir leur faim. De La Font n'avait pas achevé son rectorat à l'Hôlel-Dieu , que l'intendant (M. d'Herbigny , auquel on doit des Mémoires manuscrits sur le Lyonnais) recourut à son zèle et à son expé- rience, pour asseoir les nouvelles contributions , dont furent frappées les communautés d'arts et métiers. Il fautremarquer que ces contributions amenèrent l'établissement des jurandes et maîtrises, auquel la ville de Lyon avait jusque-là réussi à se soustraire, regardant comme un de ses privilèges les plus p r é - cieux, la liberté du travail. Mais chaque classe professionnelle ayant été obligée de faire des emprunts pour subvenir aux exi- gences du trésor, il fallut établir des droits de réception pour amortir les dettes, et dès lors faire dépendre l'exercice de la profession du paiement de ces droits ; c'est alors seulement que des limites furent posées entre les travaux de chaque mé- tier, et qu'il leur fut défendu d'empiéter les uns sur les autres. De La Font fut aussi l'un des commissaires désignés pour as-