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qui atteignit jusqu'aux recteurs, obligés par les règlements de
faire une visite quotidienne dans les rangs. Trois d'entre eux ,
MM. de Jussieu, Brossard et Maure périrent; quatre autres, et
De La Font lui-même, furent à l'extrémité. « Jamais , dit De
« La Font, on n'avait vu l'hôpital en cet état. J'avais fait dresser
« à terre, sur des tréteaux, le long des r a n g s , des lits où
« l'on voyait quatre corps en chacun... En suivant les rangs
« je voyais à mes pieds un qui était agonisant, de l'autre côté
« un autre qui se plaignait; et en suivant, je complais d e u x ,
« trois et quatre morls étendus sur le lit, ou que l'on envelop-
« pait dans leurs suaires... » L'hôpital avait été autorisé par le
Consulat à faire exécuter certains travaux pour canaliser le
Rhône au devant de la maison, mais dont l'objet principal était
de procurer du pain aux ouvriers sans travail. Telle était la mi-
sère du temps, que le premier jour de ce travail, à midi, comme
on fut surpris que les ouvriers n'allaient pas dîner , on apprit
qu'ils étaient encoreà jeun, faute d'argentpour acheter du pain.
On fut oblige de leur payer la demi journée, et ils se précipi-
tèrent aussitôt chez les boulangers pour assouvir leur faim.
   De La Font n'avait pas achevé son rectorat à l'Hôlel-Dieu ,
que l'intendant (M. d'Herbigny , auquel on doit des Mémoires
manuscrits sur le Lyonnais) recourut à son zèle et à son expé-
rience, pour asseoir les nouvelles contributions , dont furent
frappées les communautés d'arts et métiers. Il fautremarquer
que ces contributions amenèrent l'établissement des jurandes
et maîtrises, auquel la ville de Lyon avait jusque-là réussi à se
soustraire, regardant comme un de ses privilèges les plus p r é -
cieux, la liberté du travail. Mais chaque classe professionnelle
ayant été obligée de faire des emprunts pour subvenir aux exi-
gences du trésor, il fallut établir des droits de réception pour
amortir les dettes, et dès lors faire dépendre l'exercice de la
profession du paiement de ces droits ; c'est alors seulement
que des limites furent posées entre les travaux de chaque mé-
tier, et qu'il leur fut défendu d'empiéter les uns sur les autres.
De La Font fut aussi l'un des commissaires désignés pour as-