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                              ii.



             LE NÉGRIER.
   Le dimanche est, pour les matelots, un jour d'ennuis, de
désœuvrement et de tristes réflexions. Ce jour là, ils n'osent
le passer face à face avec eux-mêmes, dans la crainte de pren-
dre en dégoût leur vie fatigante ; aussi courent-ils l'oublier
dans les tavernes, au milieu des orgies de femmes et de vin,
dans l'ivresse du punch et du tabac. - Un dimanche donc,
j'allai trouver Charles, et le priai de m'initier, selon sa pro-
messe, à l'histoire de sa vie. Charles, lui aussi, semblait être
sous l'influence de ce jour si vide pour des hommes de mer ;
son front était soucieux et plissé sous le poids de souvenirs
bien sombres sans doute. Mais chez lui l'activité du corps
était remplacée par celle de l'ame, et cette force qu'il ne dé-