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11 VISITE A BÉUANGER. Par le froid aquilon, ma muse, jeune fille, Qui volontiers au loin aime à se fourvoyer, Vient demander asyle et doux feu qui pétille A ton humble foyer. Sur la flamme elle étend d'abord sa main glacée. Puis, secouant le givre et la brume du soir, A tes pieds chaudement elle reste placée, Heureuse de te voir ! Heureuse aussi d'ouïr répéter à ta bouche Quelqu'un de ces beaux chants, de ces heureux accords Qui tour à tour console, égaie, enflamme, touche, Au gré de tes transports. Soit qu'en de gais refrains où le rire étincelle, Et d'où l'Aï fumeux jaillit à flots d'argent, Tu chantes le nectar qui des coupes ruisselle, Et Lise au cœur changeant ; Lise ou Rose à l'œil vif, la folâtre grisette, Ange de la mansarde et sylphe du grenier, Et qui de tant de joie enivra la couchette Du pauvre chansonnier.