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524 BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE, ployés de nos jours (vestigia, investigare, slruere, instruclio). Puis , dans quel- ques pages, il nous fait rapidement assister à la naissance, au développement, au progrès du droit pénal, dans les temps divins ou barbares, les temps hé- roïques et les temps civilisés. Cette division, il l'emprunte à son maître Vico. Mais, tout en faisant rentrer la science italienne dans la voie tracée par Vico, Nicolini n'en garde pas moins constamment son indépendance et son originalité. Il complète et perfectionne l'œuvre inachevée et un peu confuse de son maître. Rien de plus neuf, de plus vrai et de plus hardi en même temps, que ses idées sur le principe et le but de la peine. Quelle source fé- conde de conséquences doit jaillir de ces principes du grand jurisconsulte na- politain! Il sera, à son tour, n'en doutons pas, le fondateur d'une école, il aura des disciples comme Vico. Dans ses questions de droit, Nicolini s'attache surtout à étabir, d'une ma- nière nette et précise, les principes fondamentaux du droit criminel. OEuvre bien nécessaire à accomplir dans le royaume de Naples où la cour de cassa- tion était une institution toute nouvelle, et où les magistrats ne connaissaient que fort imparfaitement une législation empruntée à la France. Mais, en même temps qu'elles traitent les points les plus élevés du droit pénal philosophique, les questions de. droit présentent un intérêt tout pratique. Le fait est la cause et devient comme l'âme de la dissertation. Il la vivifie en mêlant à l'abstraction la réalité vivante. Nous signalerons principalement la question relative aux délits commis dans l'ivresse, qui est un traité fort remar- quable et le plus complet qui ait jamais été écrit sur cette matière, sans en excepter même les ouvrages de Rossi et de Carmignani, la théorie des excuses et la classification des homicides ou crimes de sang, reali di sangue, comme disent les Italiens. Cette classification divise en sept classes, et place, en quelque sorte, sous nos yeux, tous les degrés possibles d'imputation, depuis le moindre jusqu'au plus élevé, depuis le délit commis sans intention jusqu'à la réunion de plusieurs crimes commis par plusieurs coupables, avec prémédita- tion. Cette classification, admirable par sa méthode, pourrait servir de base à tous les codes criminels, et est comme l'échelle d'après laquelle le législateur et le jurisconsulte doivent graduer les peines. Pour donner une idée de l'esprit d'analyse avec lequel cette théorie des excuses a été élaborée, nous citerons la discussion de cette thèse intéressante : Là justification et l'excuse ne peuvent pas naître ê'un préjugé vulgaire. L'auteur prend pour exemple un préjugé profondément enraciné dans le peuple napoli- tain, In jettotura, ce que nous appelons en France le mauvais sort, la maligne influence. Avec quelle finesse pénétrante, avec quelle habileté lumineuse il descend dans les replis les plus intimes de son sujet ! avec quelle force de lo gique il démontre la vérité de sa proposition.