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4 LE MOIS DE MAI. Recueillis, écouter les lointaines cadences Qui s'échappent du sein des agrestes réduits, Où s'agitent en choeurs les symboliques danses. Bientôt, sous les massifs, Philomele aux doux sons Reviendra moduler ses timides chansons ; Bientôt vont, sous les fleurs et l'herbe parfumée, Sourdre, comme un essaim, de murmurantes voix ; Et quand viendront les soirs, chaque brise embaumée Redira ses amours aux grands arbres des bois. Bientôt les monts altiers, les riantes collines, Les forêts et les eaux, les profondes ravines, Sous leur manteau paré d'éclatantes couleurs, Feront à l'unisson vibrer leurs grandes lyres ; Les matins vaporeux nous verseront des pleurs ; Les feuillages, de l'ombre, et le ciel, des sourires. Déjà , perçant la nue, un soleil moins frileux Sous vos toits attristés glisse un rayon joyeux ; Un azur plus profond sous le ciel bleu s'étale ; La bruine se dissipe aux haleines du Nord ; Et, sur le front rêveur de la déesse pâle, Plus sereins dans la nuit, brillent les astres d'or. L'arbuste inanimé se réveille, la sève Au sein des troncs noueux à flots pressés s'élève ; Sous l'effort entr'ouverts, quelques bourgeons épars Couronnent les rameaux d'une naissante aigrette, Comme, en un cercle éteint de moroses vieillards, Surgit d'enfant rieur quelque tête indiscrète. 11. C'est ainsi que toujours Dieu penché sur tes flancs, 0 nature, colosse au front vainqueur des temps, Ce Dieu qui te créa, sous ta vaste mamelle,