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 336                   EXPOSITION DE 1 8 5 1 .
  tous ces hommes, demi-nus, s'attaquent avec fureur, leur mus-
  culature frémissante s'agite d'une façon incroyable: on comprend
  bien que c'est là, entre les assiégeants et les assiégés, une
  guerre sans merci. Néanmoins, toute cette vie, toute cette pas-
  sion, qui sont des qualités réelles dans un pareil sujet, ressor-
 tiraient encore mieux, si la lumière était plus abondante.
 VApparition des anges aux bergers, de M. Jubany, est, pour le
 style religieux, avec une Sainte famille, de M. Frénet, la seule
 peinture qui représente, à notre Exposition, un genre malheu-
 reusement de plus en plus délaissé. M. Jubany s'est inspiré, pour
 le style et la composition de son tableau, on le dirait du moins,
 malgré la différence du genre, des peintures de David et de
 son école ; son style est gourmé, ses personnages affectent tous
 la pose académique, et ils n'ont pas la figure de gens qui
 passent leur vie à garder des troupeaux ; la couleur est celle
 d'un vieux tableau qui aurait longtemps séjourné dans une
 église ou dans un oratoire ; c'est une œuvre qui manque de vie,
 défaut capital pour toutes les peintures, quelque soit leur genre
 et leur sujet. La Sainte famille de M. Frénet est dans des con-
ditions toutes différentes ; le dessin, d'une correction louable,
dans les Bergères de M. Jubany, est singulièrement abandonné,
 dans le tableau de M. Frénet ; sa couleur est violente, ce qui
donne à sa Sainte famille un fâcheux aspect d'enluminure ; la
Sainte Vierge a l'air de lancer une Å“illade au public, et toutes
les figures ont des regards defiévreux.La composition du tableau
est pourtant bonne, et prouve que si M. Frénet pouvait se con-
tenir et se restreindre, il trouverait peut-être dans le public plus
de sympathie. M. Frénet se plaint, dit-on, de n'être pas compris,
c'est peut-être parce qu'il ne fait rien pour l'être ; d'autre pari,
ses amis assurent que, chez lui, cela vient de trop de sève et
d'ardeur, soit, mais, en attendant, on ne fera pas que la Fa-
randole de paysans valenciens soit une peinture raisonnable.
Un charmant tableau, c'est, sans contredit, celui de M. Chaîne .-
Horace lisant ses poésies aux Tiburtines. Il y a, dans toutes ces
petites figures, assises ou debout, dans le paysage, dans les
accessoires, une véritable intelligence, un parfait sentiment de