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OU BIBLIOGRAPHIE DE LA VILLE DE LYON. 303 res et recherchés l'indication de leur prix d'après les ventes pu- bliques les plus célèbres ; mais de mûres réflexions m'ont fait renoncer à cette pensée. Il y a trop d'arbitraire dans les appré- ciations de cette nature, trop de fluctuations dans la valeur ma- térielle de ces ouvrages. M. Brunet a donné, à des distances assez rapprochées, quatre éditions de son excellent Manuel du libraire, et quatre fois il a été obligé de modifier considéra- blement ces évaluations ; nul doute qu'il n'y fut encore con- traint s'il publiait aujourd'hui une édition nouvelle de son ré- pertoire. Les éditions dites princeps ont une valeur tantôt consi- dérable et tantôt médiocre : il suffit 'd'ailleurs du caprice de deux ou trois riches bibliophiles pour-élever le prix de certains livres rares à un chiffre extravagant, qui ne doit pas servir de règle. Qu'un hasard jette dans la circulation deux ou trois exemplaires de l'opuscule tant disputé, et la même édition, le même exem- plaire perdra immédiatement cinquante pour cent de sa valeur fictive. La plupart des livres qui ont fait partie des ventes ré- cemment faites des bibliothèques de Charles Nodier, de M. Léon Cailhava et de M. le prince d'Essling, ont atteint des chiffres qui ont dépassé de beaucoup toutes les prévisions, et qu'ils ne con- serveraient peut-être pas aujourd'hui. Il me sera permis, sans doute, d'enregistrer ici comme un fait littéraire très-digne de remarque l'existence, dans cette ville, de bibliothèques hors ligne par la haute distinction des éditions lyonnaises et des livres précieux de tout genre dont elles sont composées. La renommée de la bibliothèque Adamoli s'est pro- longée pendant plus d'un siècle, et n'était que très-médiocre- ment méritée ; c'est ce qu'on ne dira certainement pas des ca- binets de MM. Coulon, Coste, Cailhava, Yemeniz et de Chaponay, amateurs d'élite, dont le nom figure au premier rang parmi ceux des bibliophiles. Ce qu'on admire dans ces collections, ce n'est pas seulement le nombre des livres rares et singuliers, c'est surtout la condition presque toujours parfaite des exem- plaires , restaurés , quand il en était besoin, par les mains les plus habiles, et revêtus de reliures dont beaucoup sont des chefs-d'œuvre. M. Coulon avait dépensé plusieurs centaines de